Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 26.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vers un premier régulateur, ensuite vers un second, de manière à éteindre l’un quand on allume l’autre, et lorsque la durée de ces alternatives est réduite au vingt-cinquième d’une seconde, les extinctions cessent d’être sensibles, et chaque lampe paraît émettre une lumière continue. Les bougies Jablochkof, quand on diminue la grosseur et la distance des deux charbons, permettent une vision plus grande encore, jusqu’à 50 becs, et comme on peut les placer en succession dans le même circuit, on pourrait remplacer les 1,860 becs de M. Tresca par 37 lumières distinctes réparties en divers points d’un même circuit, suivant les besoins de l’éclairage. Il y aurait de quoi entretenir toute la rampe d’un théâtre gigantesque.

Enfin l’on peut pousser la division beaucoup plus loin encore en profitant des nouvelles et remarquables expériences que vient de faire M. Jablochkof et que je vais décrire. M. Jablochkof prépare un immense condensateur électrique au moyen d’une étoffe de taffetas gommé garnie sur ses deux faces par une lame mince d’étain et repliée ensuite pour occuper peu d’espace. Chacune des deux lames métalliques est mise en rapport avec les deux rhéophores d’une machine à courans alternatifs ; elle offre aux deux électricités une grande surface où elles peuvent s’attirer, s’accumuler et se condenser jusqu’au moment où, le sens du courant changeant, elles disparaissent pour faire place à des électricités contraires qui subissent à leur tour la même condensation. Il est clair que ces phénomènes modifient profondément le régime de circulation électrique dans les fils, et l’expérience prouve qu’il en est ainsi. Quand on interrompt le fil de communication en un point, il s’y produit des étincelles brillantes jaillissant comme des traits de feu, enveloppées d’une flamme jaune fort lumineuse et accompagnées d’un ronflement sonore, sorte de son musical de même hauteur que le bruit de la machine : ce qui prouve que les intervalles périodiques de la production des étincelles sont les mêmes que ceux de la formation des courans. Cette expérience, une des plus brillantes qu’on puisse faire en électricité, où il y en a tant de brillantes, n’est point complètement expliquée et sera l’objet d’études ultérieures. Pour le moment, elle conduit à ce résultat pratique, le seul qui nous intéresse : c’est qu’en introduisant un condensateur dans le circuit, on peut doubler le nombre des bougies qu’il est capable d’entretenir ; mais la lumière de chaque bougie est réduite de la moitié, elles valaient cinquante becs, elles sont ramenées à vingt-cinq, et, puisqu’il y en a deux fois plus, tout se réduit à une plus grande division de l’éclairage. Il n’est point désirable d’aller au-delà, car, si l’éclairage électrique a quelque raison d’être adopté un jour,