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mouvement, le magnétisme permanent de l’aimant y fait naître un courant d’induction qui est faible ; on le fait passer dans le fil de l’électro-aimant, celui-ci reçoit alors une aimantation plus grande et développe un courant induit plus fort. De cette façon, le courant et l’aimantation s’exagèrent tous les deux par leur réaction réciproque, jusqu’à atteindre tous deux une limite de puissance, et la machine un maximum d’électricité.

Un autre inventeur français, M. Lontin, a fait usage d’un principe différent et non moins fécond. Il compose sa machine de deux parties : l’une dite amorceur, l’autre analogue à l’appareil Nollet, avec cette différence que les aimans fixes sont remplacés par des fers doux entourés de fils ; de sorte que, si on faisait passer un courant dans ces fils, il transformait les fers doux en aimans beaucoup plus énergiques que ceux de la machine Nollet, et bien plus aptes à engendrer l’électricité qu’on cherche à obtenir. Or l’amorceur est précisément chargé de développer un premier courant et d’aimanter les fers doux. La machine Lontin est susceptible d’une puissance indéfinie, il suffit d’augmenter le nombre et l’étendue des bobines induites et des électro-aimans pour accroître le nombre et la force des courans ; elle peut allumer à la fois plusieurs lampes, soit dans le même courant, soit dans des conduits différens.

L’invention de ces belles machines ne résout qu’une partie du problème ; elles fournissent l’électricité, il faut maintenant la diriger entre les deux charbons de Davy. Or ces charbons s’usent à la fois parce qu’ils brûlent et parce que le passage du courant transporte leur matière d’un pôle à l’autre, d’où il suit que la distance des pointes augmente peu à peu, et l’arc s’éteindrait bientôt, si l’on n’avait, un moyen de les rapprocher continuellement pour compenser l’usure. Cela exige un appareil, un régulateur mécanique. Il est peu de problèmes qui se soient imposés avec une nécessité aussi impérieuse, il n’en est point qui aient provoqué des solutions plus nombreuses. On compte une légion d’inventeurs : Dubosq, Foucault, Serrin, Carré, Gramme, Lontin, Archereau, etc., et il y en a autant à l’étranger qu’en France. Leurs appareils, délicats et précis comme des horloges, diffèrent par les détails, mais se rencontrent dans un principe commun que j’essaierai d’expliquer. Les deux charbons, fixés entre des pinces de métal, se rapprochent jusqu’au contact par l’effet d’un mécanisme à ressort. Aussitôt la lumière jaillit, et le courant passe ; mais dans son trajet il contourne une électro-aimant qui alors attire un levier, et le mouvement de ce levier, antagoniste du ressort, écarte les charbons pour développer l’arc. Cet arc vient-il à s’éteindre, l’action