Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 26.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épreuves en taille-douce. Ces procédés sont exploités en grand dans les ateliers de la maison Goupil, à Asnières, sous la direction de M. Rousselon. Il existe d’autres méthodes de gravure photographique en creux par moulage, auxquelles il faut ajouter les procédés de gravure chimique par réserves, où le vernis protecteur est remplacé par la couche sensible[1], La grande difficulté, c’est que l’image gravée doit être nécessairement formée par l’assemblage de traits ou de grains plus ou moins espacés, parce que les encres d’impression ne peuvent produire qu’une teinte uniforme, tandis que l’image photographique faite d’après nature présente des teintes fondues ; pour la transformer en planche gravée, il faut donc trouver un grain artificiel. La tâche est plus facile lorsqu’il s’agit de reproduire une gravure ou toute autre image faite au trait ou au grain. Les divers modes d’impression qui utilisent des surfaces planes (impression directe ou par report sur pierre ou sur zinc, etc.) peuvent être compris sous le nom général de photolithographie ; ils ont déjà donné des résultats fort remarquables entre les mains de MM. Poitevin, Tessié du Motay, Maréchal, Albert, Aubel, Baldus, Rodrigues, du colonel James, etc. Le problème de la gravure en relief ou typographie photographique est résolu d’une manière assez satisfaisante par le procédé appelé gillotage (du nom de l’inventeur Gillot). Ces divers procédés se perfectionnent tous les jours, et bientôt sans doute les obstacles que rencontre encore l’impression photographique aux encres grasses seront complètement vaincus.

Le problème de la reproduction des couleurs naturelles en photographie continue aussi d’occuper les chercheurs ; mais les solutions directes ou indirectes qui ont été proposées par divers savans sont encore loin d’être satisfaisantes. M. E. Becquerel, M. Niepce de Saint-Victor, M. Poitevin, ont réussi, il est vrai, à imprimer directement toutes les couleurs du spectre sur des papiers sensibilisés par des sels d’argent ; mais ces impressions sont trop fugitives, les épreuves pâlissent sous l’influence de la lumière de jour. En attendant qu’on découvre le moyen de fixer ces teintes fugaces, produites directement par le soleil, voici comment des esprits ingénieux ont tenté de tourner la difficulté. MM. Ch. Cros et L. Ducos du Hauron ont publié à peu près simultanément, en 1869, des méthodes fondées sur le même principe : reconstitution des couleurs naturelles d’un tableau par la superposition de trois épreuves monochromes (par exemple, d’une épreuve rouge, d’une épreuve jaune et d’une épreuve bleue). On sait en effet qu’avec trois couleurs le peintre peut à la rigueur obtenir toutes les autres : le jaune et le bleu lui donnent

  1. Le procédé héliographique de Scamoni, qui donne de très beaux résultats, reposa sur le moulage galvanoplastique d’un cliché ordinaire (au sel d’argent) dont le faible relief est préalablement renforcé par des moyens chimiques.