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mentionner encore une idée assez originale qui a une portée scientifique. Un médecin allemand, le docteur Oidtmann, a signalé récemment l’importance que des collections de portraits photographiques, embrassant plusieurs générations successives, pourraient offrir pour l’étude des lois de l’hérédité. Il a commencé lui-même à former par ce moyen les arbres généalogiques de plusieurs familles, en disposant dans un ordre méthodique tous les portraits d’ascendans et de descendans qu’il a pu se procurer[1]. Ses albums fourniront un jour de précieux matériaux aux anthropologistes pour la recherche des modifications que la sélection peut exercer sur la transmission héréditaire des mêmes caractères.


III

La gravure est sœur de l’imprimerie ; l’une, en matérialisant la parole, l’autre en fixant les spectacles qui parlent aux yeux, ont permis la diffusion universelle de la pensée. La photographie, sœur cadette, est appelée à compléter les moyens d’action de ses deux aînées, et les perfectionnemens qu’elle subit chaque jour ont surtout pour but de faciliter la multiplication des épreuves et de faire ainsi de la photographie un art vraiment industriel, applicable aux grandes publications au même titre que la gravure. Les anciens procédés aux sels d’argent sont peu propres à remplir ce programme : les épreuves n’ont pas la solidité nécessaire, elles s’altèrent trop vite, et le tirage est lent, coûteux, sujet à toute sorte d’irrégularités. Il a donc fallu chercher la solution du problème dans une autre voie. On est effectivement arrivé à faire des épreuves inaltérables et des tirages suffisamment rapides, soit au moyen du charbon, soit par les divers modes d’impression aux encres grasses (lithographie, gravure en creux, typographie). Les innombrables variétés de ces procédés reposent presque toutes sur les propriétés spéciales de la gélatine bichromatée, propriétés dont on doit la connaissance aux patientes recherches de Fox Talbot, de M. Pretsch, et surtout de M. A. Poitevin. Ces recherches nous ont appris que la gélatine, mélangée de bichromate de potasse, subit par l’action des rayons lumineux une sorte de tannage : elle devient insoluble, ne se gonfle plus dans l’eau froide et prend l’encre d’impression, tandis que la gélatine qui n’a pas subi l’action de la lumière se gonfle dans l’eau et ne prend pas les encres grasses. Ces propriétés donnent lieu aux applications suivantes.

Si l’on mélange à la gélatine bichromatée du charbon ou une autre matière colorante en poudre très fine, les parties frappées

  1. Stein, das Licht, p. 427.