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jolie petite ville, admirablement située et contenant 10,000 âmes environ. Son port n’est pas des meilleurs, car, comme celui de Haï-how, il a peu de fond, et les bâtimens d’un fort tonnage seront contraints d’aller mouiller leurs ancres assez loin au large. Le commerce de Pakhoï consiste en sucre, en noix d’aréquiers, en feuilles fraîches de bétel et autres épiceries. Les amateurs de chasse y trouveront en abondance la bécassine, les grands échassiers, le canard sauvage et la perdrix. En face de Pakhoï, au sud de la baie, il y a une pagode célèbre dans tout le Céleste-Empire. Au centre de ce monument s’élève un platane gigantesque où nichent des milliers de pierrots ; les branches de l’arbre, n’ayant d’autres issues que les fenêtres de l’édifice, s’élancent au dehors vigoureuses et touffues, donnant ainsi à la pagode un aspect très pittoresque. Il y a à Pakhoï et dans les petites îles de sa baie beaucoup de nos compatriotes missionnaires qui portent le costume des indigènes, y compris la queue. L’un de ces apôtres modernes habite là depuis dix-huit ans.

C’est le 2 mai seulement, en présence de M. Mao-Kean, le consul d’Angleterre, et de plusieurs mandarins, que le port de Pakhoï a été ouvert. Les canonnières chinoises Fei-hoo et Shew-shi saluèrent le pavillon anglais, et le directeur de la nouvelle douane, pour s’attirer sans doute les sympathies de la population, fit partir dans les jambes des assistans un nombre considérable de pétards. Il n’y a point de bonne fête en Chine sans ces bruyantes démonstrations ; elles ont un avantage, au dire des Célestes, c’est celui d’écarter les mauvais génies. Malgré ce bruit, les revenus de la douane sont restés jusqu’ici insignifians, mais tout fait supposer qu’il n’en sera pas longtemps ainsi.

Wenchow est une grande cité qui s’élève sur la côte du Che-kiang, au bord de la mer, et située à égale distance de Foochow et de Ting-ho. C’est le débouché d’un district très fertile en thé. Il s’y fait également un gros trafic en bois de bambous et autres essences. Ce port a été ouvert le 1er avril, et, comme toujours, en présence d’un agent consulaire de la Grande-Bretagne, assisté d’un navire de guerre de cette nation, le Mosquito. La ville est très propre, — ce qui est rare dans l’Empire des Fleurs, — et les rues spacieuses. Au dire des voyageurs, ce sont les voies urbaines les plus largement ouvertes que l’on connaisse en Chine. Les temples des idoles y’sont tellement répandus que les Européens, faute d’hôtelleries, peuvent s’y loger sans que la population, très tolérante, comme toujours, en matière religieuse, en manifeste de la surprise, Du reste, ce n’est point une exception : dans beaucoup de localités, les pagodes ne sont que des caravansérails où l’on peut coucher et faire la cuisine. Depuis l’ouverture du port de Wenchow, de nombreux navires marchands y ont mouillé, débarquant 60,000 pièces