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L'INSTITUT DE FRANCE
ET
LES SOCIETES SAVANTES

Mairan, secrétaire de l’Académie des Sciences et membre de l’Académie française, écrivait à l’académie de Bordeaux, où bien jeune encore il avait débuté avec éclat :

Illa mihi primum qui me sibi jonxit amores
Illa habeat secum…


De pareils sentimens semblent plus rares aujourd’hui qu’au XVIIIe siècle. Les savans et les hommes de lettres de Paris oublient plus facilement les académies modestes de la province qui les premières les ont accueillis et qui leur ont en quelque sorte donné l’essor par leurs encouragemens. Nous voudrions protester contre cette indifférence et cet oubli en montrant ce qu’ont été les académies provinciales, ce qu’elles sont et ce qu’elles pourraient être si l’Institut voulait bien les relier à lui. Au XVIIIe siècle, un certain nombre d’entre elles étaient affiliées à l’Académie française ou à l’Académie des Sciences ; elles faisaient partie, comme sœurs cadettes, d’une grande famille académique. Pourquoi ces liens sont-ils aujourd’hui rompus ? n’auraient-ils pas dû au contraire se fortifier et s’étendre depuis que les anciennes académies de Paris ont été réorganisées sous le nom d’Institut de France ?

Nous montrerons l’impuissance de divers essais tentés pour les rattacher à un autre centre que l’Institut et la nécessité de revenir à, la voie indiquée par les traditions de l’ancienne France et consacrée par le programme de 1795. La question en elle-même ne nous a paru manquer ni d’importance ni d’intérêt ; mais elle reçoit encore un véritable à propos des récens développemens donnés à l’enseignement supérieur et de la fondation des grandes