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composé de deux microscopes portés par un chariot ; on les mesure au centième de millimètre près.

M. Rutherfurd a obtenu par ce procédé des cartes très exactes des Pléiades, du groupe de Præsepe, de celui de Persée, des étoiles voisines de la 61e du cygne, dont Bessel avait signalé le mouvement propre. Plus récemment, M. Gould, directeur de l’observatoire de Cordoba, dans la république argentine, a également obtenu de remarquables succès dans cette voie. Au mois de novembre dernier, il possédait déjà des épreuves propres aux mesures micrométriques de 84 objets célestes, dont les trois quarts sont des amas stellaires. Le cliché qui représente l’amas stellaire d’Éta du Navire montre 180 étoiles dont beaucoup sont de la 9e grandeur. M. Gould a aussi obtenu de très belles images de la lune, des planètes Jupiter, Mars et Saturne, etc.

Le professeur Peirce, dont l’autorité en ces matières est considérable, parle avec enthousiasme du progrès réalisé par l’application de la photographie aux recherches d’astronomie sidérale. « Pour des recherches originales sur la position relative d’étoiles voisines, dit-il, les photographies peuvent être en toute sécurité substituées aux étoiles elles-mêmes, vues au travers des plus puissantes lunettes. Les photographies une fois prises constituent des faits indiscutables, à l’abri de l’influence des erreurs personnelles d’observation, et conservent pour les âges futurs la position actuelle des étoiles ainsi relevées. »

Il faut pourtant parler maintenant de certaines difficultés que l’on rencontre dans l’application de la photographie aux recherches astronomiques, et qui n’ont pas été surmontées sans peine. J’ai déjà rapporté comment M. Janssen est parvenu à éviter les effets de l’irradiation dans le cas où il s’agit d’une lumière très forte, comme celle du soleil. Un autre inconvénient consiste dans le retrait du collodion après les lavages et la dessiccation. M. Paschen et M. Rutherfurd, qui avaient étudié ce sujet, étaient arrivés à des résultats très différens : tandis que M. Paschen avait constaté un retrait qui allait parfois à 1/1500’ M. Rutherfurd n’avait trouvé que 1/28,000 au maximum. Les résultats plus récens de M. Vogel se rapprochent de ceux de M. Rutherfurd. M. Vogel a employé un procédé qui avait été recommandé par M. Faye, et qui consiste à photographier sur une couche de collodion un réseau de traits tracés au diamant sur une plaque de verre ; on compare ensuite à la loupe le réseau du collodion à celui du verre, et on mesure la quantité dont le premier s’est contracté. Il paraît que l’emploi de plaques préalablement albuminées fait disparaître cette cause d’erreur. Cependant l’humidité a toujours une grande influence sur le