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des observations. L’éclipse du 12 décembre 1871 a été photographiée dans l’Inde et à Java ; en 1873 et en 1875, on a aussi observé des éclipses par ce moyen.

Le passage de la planète Vénus sur le soleil, qui a eu lieu le 6 décembre 1874, a fourni à la méthode photographique une belle occasion de faire ses preuves. Les préparatifs qu’on faisait en vue de cet événement étaient gigantesques[1]. En Angleterre, on construisait huit photohéliographes, dont trois pour la Russie, sur le modèle de celui de Kew. En août, une vingtaine d’expéditions étaient munies d’appareils photographiques qui ont parfaitement fonctionné. « Voilà, disait M. Faye en annonçant ces préparatifs, ce que produit l’idée simple, mais féconde, de supprimer l’observateur et de remplacer son œil et son cerveau par une plaque sensible, reliée à un télégraphe électrique. C’est, dans le système des observations modernes, un progrès presque comparable à celui qui a été réalisé il y a deux siècles par l’application des lunettes aux instrumens de mesure. »

Dans ce grand tournoi scientifique, la France a été dignement représentée par six expéditions qui comprenaient, outre deux naturalistes (MM. Filhol et Delisle), quinze observateurs, astronomes ou physiciens, aidés d’autant d’auxiliaires, et mettaient en mouvement plus de cinquante personnes, Les crédits alloués par l’assemblée nationale pour les frais de ces missions ont atteint la somme de 425,000 francs. On avait choisi trois stations dans l’hémisphère austral (l’île Campbell, l’Ile Saint-Paul, Nouméa), et trois dans l’hémisphère boréal (Pékin, Nagasaki, Saigon) ; chacune de ces stations disposait d’une lunette de 6 pouces, et les quatre stations les plus importantes (Campbell, Saint-Paul, Pékin, Nagasaki) avaient en outre des équatoriaux de 8 pouces ; enfin toutes ces stations, à l’exception de Saïgon, étaient munies de lunettes photographiques du modèle que nous avons décrit, sans compter les appareils spéciaux qui avaient été construits pour M. Janssen.

La commission française chargée d’arrêter un plan d’observations avait en définitive recommandé l’emploi de lunettes de 4 mètres de longueur focale et de 14 centimètres (5 pouces) d’ouverture, installées dans une position horizontale et combinées avec un miroir mobile ; l’image solaire devait être obtenue directement au foyer de l’objectif, sur une surface d’argent ioduré, le procédé de Daguerre ayant paru préférable à l’emploi du collodion[2]. De son côté, M. Janssen avait imaginé, pour son propre usage, un « revolver photographique, » où la plaque sensible tourne de manière

  1. Voyez la Revue du 15 Janvier 1874.
  2. Voyez la Revue du 15 janvier 1874.