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mais cet avantage est compensé par les inconvéniens qui résultent de la déformation de l’image agrandie[1].

L’éclipse totale de soleil du 18 juillet 1860, qu’un grand nombre d’astronomes étaient allés observer en Espagne, fut photographiée avec succès par M. Warren de La Rue, à Rivabellosa, et par le père Secchi, au Desierto de las Palmas. On constata que les protubérances émettent une lumière beaucoup plus intense que la « couronne » qui enveloppe tout le contour du soleil, de sorte que le temps de pose est plus long lorsqu’on veut obtenir de bonnes images de la couronna que lorsqu’on s’attache à reproduire la forme des protubérances. La comparaison des photographies obtenues par M. Warren de La Rue et par le père Secchi permit aussi de trancher la question de l’origine des protubérances : il fut démontré que ces appendices roses n’étaient nullement de simples apparences produites par des illusions d’optique, mais des phénomènes réels, ayant leur siège dans le soleil. Depuis cette époque, grâce à M. Janssen et à M. Lockyer, on a trouvé le moyen de les observer tous les jours, en dehors des éclipses.

M. Faye avait fait construire, pour cette éclipse, tout un attirail photographique ingénieusement combiné ; mais au dernier moment il dut renoncer à prendre part à l’expédition organisée par l’Observatoire de Paris, qui ne fit usage que des instrumens de mesure ordinaires[2]. En Algérie, M. Laussedat avait réussi à photographier le soleil à l’aide d’une lunette horizontale fixe, à laquelle le miroir mobile d’un héliostat renvoyait l’image de l’astre. C’est cette disposition qui a été plus tard adoptée par beaucoup d’astronomes pour l’observation photographique du passage de Vénus.

L’éclipsé totale du 18 août 1868 a été photographiée à Guntoor, dans l’Inde, sous la direction du major Tennant, et à Aden, sous la direction de M. Vogel. Celle du 7 août 1869 a fourni aux Américains l’occasion d’entrer dans l’arène à leur tour ; une centaine de photographes, munis de trente lunettes, furent distribués en une foule de stations choisies principalement dans l’état d’Iowa, et 279 bonnes épreuves de l’éclipsé furent obtenues sous l’intelligente direction de MM. Morton, Gould et Whipple. Une expédition anglaise envoyée en Sicile pour observer l’éclipsé du 22 septembre 1870 fut moins heureuse : le mauvais temps empêcha la plupart

  1. On a vu pourtant que M. Janssen trouvait l’agrandissement des images avantageux pour la reproduction des détails de la surface solaire.
  2. C’est à cette occasion que M. Faye présenta à l’Académie un cliché obtenu à l’aide d’une petite lunette méridienne de M. Porro, où l’image solaire était imprimée avec le réticule de la lunette, pendant qu’un enregistreur électrique notait le temps.