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aussi des stations balnéaires. Etretat, Yport, le Tréport, sont bien connus et recherchés des baigneurs, mais les plages n’y sont plus sableuses comme sur les rivages du Calvados, entre l’Orne et la Seine, et elles roulent beaucoup de galets. Fécamp est sur ces côtes un port qui arme pour la grande pêche, celle du hareng, du maquereau, de la morue ; Dieppe, beaucoup plus important, entretient avec l’Angleterre des relations quotidiennes, surtout par bateau à vapeur. C’est le port le plus rapproché de Paris.

Au-delà de la Somme, la côte se dresse verticalement sur la carte, puis fait un retour d’équerre pour entrer dans la mer du Nord. Boulogne est sur la première arête. Calais, Gravelines, Dunkerque, sur la seconde. Tous ces ports sont en pleine croissance, et Calais, Gravelines et Dunkerque doivent aux canaux qui les mettent en communication directe avec ceux de la Belgique, avec la Meuse, avec l’Escaut, une partie de leur prospérité. À Boulogne, qui est devenu rapidement l’un de nos premiers ports de mer, on projette des travaux d’agrandissement, de nouvelles jetées. À Calais, qui est resté le point de passage le plus fréquenté entre la France et l’Angleterre, celui où l’on s’embarque le plus volontiers parce que la traversée y est la plus courte, on étudie actuellement les moyens de rejoindre l’Angleterre par un tunnel sous-marin, pour aller, sans transbordement, sans rompre charge, de Paris, au besoin de Marseille à Londres. D’autres, à défaut de tunnel, préconisent la construction de navires porteurs qui recelaient sur des rails tout un convoi de wagons et le remettraient à destination, sur le rivage opposé, sans dérangement, sans même que le roulis fît sentir ses effets. Quelques-uns enfin, plus audacieux encore, ne reculent pas devant l’érection d’un pont gigantesque qui relierait à travers la mer Calais à Douvres et laisserait bien loin derrière lui le pont de marbre que Michel-Ange devait, dit-on, construire sur le Bosphore pour Soliman le Magnifique, ou encore le pont suspendu que les Américains jettent en ce moment entre New-York et Brooklyn, pont qui aura 1,800 mètres de long et 40 mètres de hauteur.

Quel que soit le développement des ports de commerce que l’on vient de citer, quelle que soit la part que leur réserve l’avenir, aucun d’eux ne saurait entrer en compétition sérieuse avec Le Havre. Celui-ci reste le principal port de commerce de la France sur la Manche, et Dunkerque, Calais, Boulogne ni Dieppe ne pourraient prétendre à lui disputer jamais la prééminence, encore moins, au-delà du cap de la Hogue, Saint-Malo, qui eut jadis tant de renom et jeta tant d’éclat sur les mers.

Entre l’embouchure de la Seine et l’Orne, il n’y a que les stations balnéaires que nous connaissons et qui sont en même temps des ports de pêcheurs. Sur l’Orne, Caen est plutôt un port de