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motif visita, il y a quarante ans, le pays basque, s’est occupé beaucoup plus des titres des cagots que des cagots eux-mêmes, qu’il semble avoir à peine entrevus, et jusqu’ici de tous les écrivains qui, incidemment ou ex professo, ont traité des malheureux parias, le seul qui se soit donné la peine de faire une enquête sérieuse sur leur état physique serait Palassou, le savant correspondant de l’ancienne Académie des sciences. Dans ses Mémoires pour servir à l’histoire des Pyrénées, écrits vers la fin du dernier siècle, analysant les renseignemens qu’il a pu recueillir de personnes instruites et dignes de foi, tout d’abord Palassou constate qu’il ne paraît pas que les cagots soient sujets à des infirmités particulières, qu’il est impossible d’établir quelque distinction entre les gens de leur caste et les autres habitans ; qu’ils présentent eux aussi des teints et des traits différens, qu’ils se portent non moins bien que nous, et que plusieurs sont parvenus à la plus extrême vieillesse, que, toute proportion gardée, il ne se trouve pas plus de goitreux chez eux que chez les autres, et qu’il y a même des villages qui comptent beaucoup de crétins, c’est-à-dire de goitreux sourds, imbéciles, et pas un cagot. Passant alors à ses observations personnelles, Palassou déclare à son tour que les cagots ne diffèrent des Basques d’ancienne origine ni sous le rapport du physique, ni sous celui des mœurs : on ne les connaît que par la tradition qui indique que telle famille est cagote et que tel on tel individu lui appartient. Quant à la croyance invétérée que les cagots ont l’oreille courte et arrondie, dépourvue du lobule où l’on attache les pendeloques, lui-même a visité une nombreuse peuplade de cagots sans avoir remarqué qu’une seule personne ayant le lobe de l’oreille court, et partout où de pareilles observations ont été faites, on s’est convaincu que le préjugé populaire dont il s’agit n’a point de solide fondement. Et il conclut en ces termes : « Les faits que je viens de rapporter attestent que les cagots possèdent une aussi bonne santé que les autres habitans. On voit chez eux des familles entières à blonde chevelure, au teint beau et frais, à la taille haute et dégagée ; on en remarque d’autres où la couleur brune domine et chez lesquelles la force et l’adresse se déploient admirablement, quoique les individus soient d’une stature moyenne. Tous les dons de la nature leur sont communs avec les habitans, originaires du pays. » Les termes de Palassou ne sauraient être plus précis, d’où vient donc qu’il se contente de l’opinion de Marca sur l’origine des cagots et qu’il y voie les descendans des Sarrasins ? À ce compte ils devraient reproduire le type oriental si connu : visage allongé, nez droit ; cheveux noirs, teint basané, yeux noirs, brillans et fendus. Même objection contre le système qui s’obstine à les faire venir des Visigoths, car alors ils ressembleraient à leurs pères, qui