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était riche, qu’elle était digue d’être comptée parmi les états civilisés, il voulut avoir une dette publique et un chemin de fer. Il vint en Europe en 1875 pour conclure avec le Portugal un traité relatif au chemin de fer du Drakenberg à la baie de Lagoa, et pour négocier en Hollande un emprunt hypothéqué sur les terres vacantes du Transvaal. Ce fut au cours de ce voyage qu’éclatèrent les troubles d’où est sortie l’annexion à l’empire britannique.

Il n’est guère possible de savoir au juste, à si grande distance, comment s’ouvrit la querelle entre les habitans du Transvaal et les Basoutos. Ceux-ci, qu’il ne faut pas confondre avec leurs congénères de l’Orange dont l’annexion à l’empire britannique a été racontée plus haut, résident dans les montagnes auprès de Leydenburg. Ils refusaient, paraît-il, de payer l’impôt ; bien plus, ils pillaient les fermes du voisinage. Peut-être un arbitre impartial ne leur aurait-il pas toujours donné tort, parce que leurs déprédations n’étaient le plus souvent qu’une revanche des usurpations dont les boers sont coutumiers à l’égard de leurs voisins indigènes, La querelle était engagée lorsque M. Burgers revint d’Europe en avril 1876. Un message fut alors envoyé au chef Secocoeni pour lui demander réparation des dommages causés par sa tribu et pour l’engager à mieux surveiller ses sujets. Il répondit en réclamant la possession d’un territoire où les hommes blancs s’étaient établis depuis longtemps. Sur cette réponse, le Volksraad déclara qu’il fallait soutenir de vive force les droits des fermiers. Le commando fut proclamé. Suivant l’usage on promettait à ceux qui s’enrôlaient sous la bannière de la république le partage du butin après la victoire. Ce n’était pas toujours un appât suffisant. Quand les autorités de l’Orange avaient voulu disputer aux Anglais la province des Griquas, l’appel aux armes était resté infructueux, car les volontaires se souciaient peu d’aller en guerre contre des Européens. Contre des natifs que l’on savait plus riches en troupeaux qu’en fusils, les autorités de Pretoria furent mieux obéies. L’armée se composait au départ de 2,500 Européens, d’un contingent de Swazies à peu près aussi nombreux, avec un équipage de plus de cinq cents voitures. M. Burgers marchait en tête. Les premières escarmouches furent assez heureuses, mais bientôt l’expédition, engagée dans un pays montagneux, eut à prendre d’assaut la capitale de Secocoeni. L’attaque, mal dirigée ou mal soutenue par une partie des troupes, fut un échec complet. On raconte que les Swazies s’étaient seuls portés en avant tandis que les fermiers ne songeaient qu’à se tenir à l’abri, que le soir même tous déclarèrent qu’ils préféraient s’en retourner que de se battre. Il n’y avait plus de vivres, plus de munitions. Le président, désespéré, ne pouvait arrêter la