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il réclame leur concours pour le Comité de la langue, de l’histoire et des arts. Tel est en effet le nom nouveau que donne M. Fortoul au Comité historique comme plus en rapport avec la diversité des travaux qu’il devait désormais embrasser. On peut remarquer que l’histoire a passé du premier au second rang. Cependant les sciences n’avaient pas encore leur place à côté de la langue, de l’histoire et de l’art, bien que cultivées, presque autant que l’histoire ou la langue, dans toutes les académies. C’est M. Rouland qui le premier les a comprises dans les travaux du comité. De là le nom nouveau qu’il lui a donné de Comité des travaux historiques et des sociétés savantes. Cette dénomination, bien que bizarre, subsiste encore aujourd’hui. Ajoutons que M. Fortoul a fondé la Revue des sociétés savantes a pour servir de lien aux académies dispersées dans les départemens et donner la publicité à leurs travaux. » Ce recueil continue de paraître, mais seulement tous les deux mois. Avec quelques bons travaux de savans de la province, il contient les procès-verbaux des séances des comités et des rapports généralement secs et insignifians, non moins que tardifs, sur les publications et les mémoires des sociétés savantes. Quant à la publicité promise, il en est lui-même trop complètement dépourvu pour la donner, hors d’un bien petit cercle, même aux recherches et aux découvertes qui mériteraient le mieux d’être mises en lumière.

Nul ministre plus que M. Rouland ne s’est montré jaloux de tenir les sociétés savantes dans la dépendance de son ministère. C’est lui qui a institué cette distribution solennelle de prix et de récompenses qui a lieu, chaque année à la Sorbonne, sous la présidence du ministre de l’instruction publique. Bien que fort épris de son œuvre, M. Rouland dans le discours qu’il a prononcé à la première de ces solennités, n’a pu s’empêcher d’avouer que quelque chose y manquait, à savoir le concours de l’Institut, a Assurément, disait-il, un tel hommage n’atteindrait tout son prix que s’il était rendu par l’Institut de France, car c’est à lui qu’il appartient, des hauteurs où il réside, de proclamer avec une autorité toujours respectée des jugemens souverains ; mais nous savons tous combien l’illustre compagnie est attentive aux œuvres que les travailleurs des départemens soumettent à ses appréciations, et combien elle aime à voir se développer autour et loin d’elle-même les mérites et les talens dont elle possède les plus parfaits modèles. Elle vous apporte d’ailleurs ses sympathies par la présence de ses membres les plus éminens. Ainsi je ne fais que suivre l’exemple de l’Institut en rendant à la province savante et lettrée l’hommage qui lui est si légitimement acquis. » Il semble vraiment que l’orateur prenne ici plaisir à se contredire lui-même. Si l’Institut, comme le proclame M. Rouland en termes si pompeux, est la seule autorité légitime, la seule souveraine,