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renouvellement. Aussi la plupart de ces cours sont-ils tombés dans l’abandon, faute de pouvoir les confier à qui de droit. En effet, dès qu’il s’agit d’enseignement clinique, la faculté de médecine n’est pas pleinement maîtresse de son action. Une entente préalable est nécessaire entre les administrations de l’instruction et de l’assistance publiques. Il faut que l’assistance publique consente à céder à la faculté de médecine un certain nombre de services spéciaux, afin que celle-ci puisse les confier à ceux qu’elle estimerait aptes à donner cet enseignement. Cette solution, qui en soi paraît si simple, est en pratique environnée de difficultés. L’assistance publique a ses médecins et chirurgiens, nommés au concours, et dont elle entend maintenir les droits, qui sont de choisir à l’ancienneté parmi les services hospitaliers vacans. Il faut donc trouver un terrain sur lequel tous les droits puissent se concilier, ceux des médecins et chirurgiens des hôpitaux, ceux aussi de la faculté de médecine, ou mieux ceux de l’enseignement.

Ces derniers ont une importance dont il convient d’apprécier la portée. On allègue que les médecins et chirurgiens des hôpitaux font librement des cours cliniques spéciaux, que par conséquent l’enseignement des spécialités n’a jamais, en réalité, fait défaut, et que la faculté n’a pas à se préoccuper outre mesure de cet enseignement. Une telle assertion n’est pas entièrement exacte. Sans doute l’enseignement libre dans les hôpitaux spéciaux a sa valeur, et l’on peut citer à son acquit des noms dont l’autorité scientifique reste incontestée ; mais même ces cours renommés ne répondent pas complètement à ce que l’on est en droit d’exiger. Les enseignemens libres gardent toujours un caractère aléatoire ; ils vont où ils veulent, et durent ce qu’ils veulent. Un médecin ou chirurgien d’hôpital, ouvrant une clinique libre, traite les points spéciaux dont il s’occupe ou qui ont un côté nouveau, et il n’a pas le souci de développer méthodiquement tout un enseignement. Il choisit tel ou tel sujet, et s’y tient. Ce n’est pas là un enseignement régulier, permanent, traitant successivement tous les points qui lui sont afférens : il faut pour cela un enseignement obligatoire et réglé. L’enseignement libre se dégage de toutes ces servitudes, et on ne saurait lui en faire un reproche ; il ne peut donc remplacer l’enseignement officiel, pas plus pour les cliniques spéciales que pour les cliniques générales, pas plus pour les enseignemens théoriques que pour les enseignemens pratiques. Et puis, véritablement, une faculté de médecine doit donner tout l’enseignement médical ; elle ne peut dire : je m’abstiens ici parce que je serai suppléée par des professeurs volontaires et libres. Ceux-ci enseigneront à ma place ; immobile et oisive, je les regarderai faire, sans pouvoir même