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de là sont sortis des monumens, l’Histoire de Bretagne, l’Histoire du Languedoc, l’Histoire de Bourgogne, l’Histoire de Paris, l’Histoire littéraire de la France, le Recueil des historiens des Gaules; on ne dit rien ni de Montfaucon, ni de dom Clémencet, ni de dom Vaissette, ni de l’excellent dom Rivet et de ses collaborateurs. Les bénédictins laïques sont-ils mieux traités par les historiens ordinaires que les bénédictins de Saint-Maur? Non, certes. Tel qui citera une rapsodie du dernier versificateur ne nommera même pas Lacurne de Sainte-Palaye. Eh bien ! tous ces dévoués serviteurs de la France ont leur place dans la galerie de M. Paul Lacroix. C’est un vrai mérite dont il faut lui tenir grand compte.

Les deux parties du livre consacrées aux beaux-arts et aux arts industriels offrent un attrait plus vif encore que celle des sciences et des lettres. M. Paul Lacroix avait surtout pour tâche de fournir d’heureuses occasions à ses brillans collaborateurs de la maison Didot. Construire en quelque sorte le musée du XVIIIe siècle, rassembler les meilleures pages de l’art d’autrefois à l’aide des meilleurs procédés de nos jours, mettre à profit tous les perfectionnemens de la lithochromie et de la gravure sur bois, telle est l’œuvre que d’habiles artistes, dessinateurs, graveurs, lithographes, sous la direction de M. Racinet, se sont proposé d’accomplir. S’ils n’ont rien négligé pour encadrer richement la partie scientifique et littéraire du tableau, s’ils ont fait d’utiles emprunts aux vignettes du temps, aux ouvrages illustrés de Montesquieu, de Voltaire, de Jean-Jacques Rousseau, de Buffon, de Lesage, de Beaumarchais, aux dessins et aux gravures de Moreau le jeune, c’est surtout en ce qui concerne les arts et l’industrie qu’ils ont pu reproduire des images où brille la variété la plus agréable. Les fantaisies de Watteau, les allégories de Boucher, les scènes familières de Greuze, les gravures de Cochin, les pastels de Latour, les paysages de Lantara, les portraits de Largillière, puis, comme accompagnement de toutes ces élégances, les merveilles de l’ameublement, bronzes, statuettes, chaises à porteurs, tapisseries, porcelaines de Sèvres, figurines de Clodion, que sais-je encore? Tout cela disposé avec art, dans le texte et en dehors du texte, nous reporte de la manière la plus aimable au milieu d’un monde disparu. Cet ensemble fait grand honneur à la maison Didot, qui en a conçu l’idée et en a si heureusement dirigé l’exécution.


SAINT-RENÉ TAILLANDIER.


Le directeur-général¸ C. BULOZ.