Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/478

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un admirable discours qu’il prononça au milieu des représentans de toutes les nations gauloises réunies pour délibérer sur la question de continuation ou de cessation de la guerre[1], Il répondait ainsi aux plus hautes aspirations de la confédération, telles que nous les révèlent ces assises annuelles, concilia publica, où se débattaient ses intérêts généraux, cette ardeur généreuse, cet esprit de sacrifice pour la résistance à l’étranger, et ces luttes mêmes d’influence entre les tribus les plus puissantes, qui se disputaient la suprématie. Et, à ce sujet, vous me pardonnerez, monsieur, de rappeler que, dans une publication qui remonte à dix-sept ans, j’avais réuni en un faisceau, pour les montrer à nos concitoyens, les diverses manifestations, dans la vieille Gaule, de cette nationalité déjà vivante et passionnée pour son indépendance, et dont les efforts instinctifs tendaient à constituer une direction politique[2].

Vous pouvez juger par là, monsieur, du vif intérêt et de la profonde sympathie avec lesquels j’ai lu votre étude sur Vercingétorix et le livre qui en a été l’occasion : ma pensée serait exprimée d’une manière imparfaite si je n’ajoutais que toute âme française vous saura gré des termes si élevés et si touchans que vous avez consacrés à exalter la mémoire du vaillant champion de la liberté et de l’unité gauloises ; de cet adolescent de génie, dont le patriotisme ardent, l’activité, l’audace, les talens militaires et la fin héroïque font songer à la Vierge guerrière de Domrémy, à la glorieuse libératrice du sol français au XVe siècle, à la noble, j’allais dire à la sainte martyre de Rouen !


M. DELOCHE.


À M. MAXIMIN DELOCHE, DE L’INSTITUT DE FRANCE.


Monsieur,

Veuillez agréer l’hommage de ma gratitude pour la critique aussi judicieuse que bienveillante dont mes deux articles des 15 août et 1er septembre derniers ont été l’objet de votre part. Votre compétence en pareille matière en double le prix à mes yeux, et si je ne peux, après un nouvel examen, me rendre à toutes vos observations, ce n’est pas sans une certaine timidité que je vous soumets à mon tour les raisons qui me paraissent plaider en faveur des thèses que j’ai avancées.

  1. Cæs., Bell. Gall., VII, 28.
  2. Du Principe des nationalités. Paris, 1860, in-8o, pages 120-122.