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statues, dont on croit avoir retrouvé les bases, complétaient cette magnifique décoration. Au fond du péristyle, en face du vestibule octogone, s’élevait une vaste salle surmontée d’une coupole et terminée par une abside semi-circulaire. Aux quatre angles de la salle se trouvent des niches qui recevaient la lumière par le haut. M. Daumet pense qu’elles étaient faites pour contenir des statues, et le soin qu’on avait pris de les bien éclairer laisse croire que ce devaient être les œuvres d’artistes renommés. On sait que cette disposition favorable, qui permet de mieux jouir des chefs-d’œuvre de l’art, a été reproduite dans la cour du Belvédère, au Vatican. Tant de magnificence semble bien indiquer que cette belle salle et le péristyle qui la précède étaient réservés aux audiences impériales. C’est là sans doute que le prince admettait auprès de lui les envoyés des villes et des provinces et les grands personnages qui venaient le voir. Quant à ceux qu’il traitait avec moins de cérémonie, et qui étaient ses amis et ses familiers, il pouvait les conduire avec lui dans ces promenades charmantes qui longent la vallée de Tempé. De ce côté s’étendaient de grandes terrasses avec des portiques et des bassins de marbre ; un vaste exèdre soutenu par des colonnes et adossé à la Piazza d’oro dominait toute la vallée ; on descendait de là jusqu’aux parterres par des rampes en pentes douces. À des plans inférieurs, mais toujours au-dessus des jardins, on a trouvé des salles qui portent encore des restes de pavés de mosaïque et d’incrustations de marbre. M. Daumet suppose que c’étaient des appartemens destinés aux invités de l’empereur et y voit ce que Spartien appelle le Prytanée. Ces invités étaient souvent des gens d’importance et chargés d’affaires graves. Trajan avait coutume de réunir dans sa villa des Cent-Chambres (Centumcellœ) une sorte de conseil privé, composé de sénateurs et de magistrats, pour juger avec lui les causes dont il s’était réservé la décision. C’étaient en général des affaires délicates, qui concernaient les officiers de son armée ou les personnes de sa maison. Le jour on entendait les avocats et on rendait les sentences ; le soir l’empereur admettait les juges à sa table, et, le repas fini, on se délassait dans d’agréables conversations où l’on écoutait les mimes et les comédiens. Si Hadrien a suivi l’exemple de Trajan, ce qui est assez vraisemblable, s’il a réuni dans sa villa de ces sortes de cours de justice, c’est ici sans doute qu’il traitait ses hôtes. Après des journées bien occupées, on pouvait venir s’asseoir dans cet exèdre ou se promener sur ces terrasses d’où l’on embrassait toute la vallée avec son petit ruisseau et ses ombrages ; on devait y jouir d’une vue charmante et d’une température agréable, le soir, quand le soleil se couchait du côté de Rome. — Dans le même groupe de ruines dont nous nous occupons en ce moment, à l’extrémité opposée aux grands salons de réception, on trouve encore