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succès de cette exposition universelle que tout le monde attend. » Qu’en sera-t-il de cette idée, de ces tentatives diverses, un ministère libéral modéré pris dans le parlement, un ministère de trêve et de conciliation indépendante pris hors du parlement ? Ce qui est certain, c’est qu’à défaut de ces combinaisons, qui sont des formes de transaction et d’apaisement, il ne resterait plus pour le pouvoir exécutif qu’une persistance décousue dans ce qui est ou quelques pas de plus dans cette voie ; mais alors ce n’est plus une solution, c’est le commencement des aventures.

A la vérité, tout peut dépendre aussi de ce que fera le parti républicain, de l’attitude qu’il va prendre, de la ligne de conduite qu’il suivra, et de la part de toutes les fractions, de tous les groupes républicains ce serait une méprise singulière de ne pas tenir compte de la gravité de la situation, de ne pas comprendre qu’ils sont comme tout le monde à un moment décisif. Rien n’est plus facile sans doute que de se retrancher dans le sentiment de la victoire, de revendiquer le pouvoir comme un droit, de représenter sans cesse la majorité républicaine sortie des élections comme l’unique et souveraine régulatrice de toute chose. Et après ? C’est là un thème de polémiques et de discours, ce n’est pas une politique, et lorsqu’on s’est justement élevé contre le système qui tendrait à gouverner avec le sénat seul malgré la chambre, ce serait une prétention étrange de vouloir gouverner avec la chambre seule contre le sénat, — de sorte que la question est pour le parti républicain exactement ce qu’elle est pour tout le monde. Il s’agit de savoir s’il y a dans la majorité républicaine, dans les fractions modérées de cette majorité, assez de prudence résolue pour se prêter aux transactions possibles, aux tempéramens nécessaires, ou si les violens l’emporteront, dédaignant les concessions, poussant à fond la guerre non plus seulement contre le système du 16 mai, contre le ministère, mais contre le maréchal lui-même. En un mot, il faut choisir entre la violence et la politique.

Si les républicains sont décidés à ne plus s’arrêter, à aller jusqu’au bout de leurs prétentions, on peut dire d’eux ce qu’on dit des fauteurs de gouvernement de combat à outrance : ils entrent dans les hasards, c’est le commencement des aventures, et avec les aventures il n’y a point à raisonner. La force décide, c’est à chacun de savoir ce qu’il fait, ce qu’il peut, surtout ce qui l’attend le lendemain. Vous accusez les autres de mauvais desseins contre la constitution, et vous ne parlez vous-mêmes que de la détruire et de lui infliger un premier échec ; vous avouez naïvement la pensée de rendre la position tellement intolérable au maréchal qu’il soit obligé de se démettre, — ce qui n’est qu’une violence déguisée, ou une forfanterie irritante peu digne d’hommes sérieux. Vous ne voyez pas que, selon le mot vulgaire, vous faites le jeu de vos adversaires et vous leur donnez des armes. A quoi