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Dickson, négociant de Gothenbourg, qui a voulu, avec une patriotique libéralité, se charger des dépenses nécessaires aux grandes expéditions scientifiques de M. Nordenskiöld vers les mers glaciales. M. Victor Rydberg, le poète, M. Worsaae et M. Krieger, anciens ministres en Danemark, des professeurs et des savans, non-seulement suédois, mais norvégiens et finlandais, ont été honorés du même témoignage et sont venus recevoir la même couronne. Un grand poète, Runeberg, devait être compris dans cette promotion ; mais la mort a interrompu récemment sa forte vieillesse, et le promoteur, M. Nyblom, a exprimé le regret universel[1]. La troisième série de docteurs comprenait les jeunes gens qui venaient de subir les épreuves fixées par les statuts pour l’obtention du grade. Ainsi la solennité d’Upsal réunissait pour une pareille récompense d’honneur, étendue bien au-delà des limites scolaires, les diverses générations et les divers mérites ; ainsi l’université s’identifiait réellement avec le pays, au nom duquel, à vrai dire, sont décernées ses couronnes. Ce qui est resté d’antique appareil à de telles fêtes ne sert qu’à en rehausser la dignité en y ajoutant le prestige d’une tradition sincèrement et simplement respectée.


IV

C’est surtout en suivant l’histoire de la vie scolaire, telle que l’ont faite les lois et les mœurs parmi les étudians d’Upsal, qu’on verra ce qui a péri des anciennes institutions universitaires et ce qui en subsiste, ce qui en a été régénéré ou transformé ; par cette histoire, on jugera quelle union singulièrement intime n’a cessé de régner entre les maîtres et les élèves, entre les coutumes et la loi. Les statuts d’Upsal ont toujours su ménager l’indépendance des étudians, mais de telle sorte que le passage à l’université devînt pour eux la meilleure école de gouvernement de soi-même et d’autonomie, en même temps qu’une garantie de discipline et de dignité. Il suffit de lire les harangues latines du célèbre Freinshemius, qui, appelé d’Allemagne par la reine Christine, fut en 1645 doyen de la faculté de philosophie d’Upsal, il suffit de parcourir les monographies qu’on vient de publier en Suède sur l’histoire particulière de plusieurs nations de cette université, pour apercevoir combien longtemps y persista, par exemple, la bizarre coutume de la depositio avec l’assentiment d’abord, puis avec la tolérance tacite de la loi universitaire.

On désignait par le nom de depositio la cérémonie symbolique

  1. Voyez, dans la Revue du 1er septembre 1857, la traduction que nous avons donnée des beaux et nobles Récits de l’enseigne Stal.