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quelle valeur pouvaient être de tels foyers. En 1475 un clerc est envoyé directement à Rome pour supplier le pape d’accorder la fondation souhaitée. Il réussit : par sa bulle en date du 27 février 1477, Sixte IV autorise l’institution dans Upsal, « la ville au doux climat et aux abondantes ressources, » d’un studium generale sur le modèle de Bologne, avec les mêmes libertés et privilèges. Le 2 juillet de la même année paraît la lettre rédigée d’un commun accord par l’archevêque Jacques Ulfsson et les six évêques qui lui sont subordonnés, par l’administrateur Sten Sture et ses vingt-trois conseillers laïques, lettre confirmant la fondation de la nouvelle université, et lui accordant, non pas, comme s’exprimait la bulle pontificale, les privilèges de Bologne, mais « les avantages que les rois de France avaient accordés à l’université de Paris, » vague expression, à vrai dire, et que ne suivit aucune réalité. La consécration eut lieu le 21 septembre ; le 7 octobre, jour de la fête de sainte Brigitte, vit s’ouvrir les premières leçons, pour la théologie, le droit canon et la philosophie. On était d’autant plus pressé que le roi Christian Ier, de Danemark, s’étant personnellement rendu, lui aussi, à Rome, venait d’obtenir une pareille fondation pour Copenhague : le danger était grand de voir la jeunesse suédoise obligée de fréquenter l’université danoise au moment où il fallait réagir contre les souvenirs et contre les conséquences de l’Union de Calmar.

L’ardeur déployée par l’archevêque catholique Ulfsson, vrai fondateur de l’université, honoré aujourd’hui comme tel, et par l’administrateur Sten Sture, le bon vouloir de Rome, l’activité des relations établies entre la Suède et le reste de l’Europe, semblaient prédire à l’institution nouvelle un succès assuré. L’imprimerie n’avait pas trop tardé à s’introduire dans le nord, grâce encore à Jacques Ulfsson qui, en revenant d’Italie pendant l’année 1470, avait pu travailler à cette nouvelle œuvre. Le premier livre imprimé à Stockholm est de 1483, le premier imprimé à Upsal est de 1510. Ces commencemens ne s’étaient pourtant pas soutenus. On voit en effet au XVIe siècle les livres s’imprimer pour la Suède, non pas dans le nord, mais à Lübeck, à Nüremberg, à Bâle ; les manuscrits devenaient plus chers que jamais, parce qu’on les exécutait en moins grand nombre : M. Annerstedt a donné sur tout cela les plus curieux détails. Da reste, le principal obstacle à la prospérité de l’université d’Upsal était son origine ecclésiastique : elle se trouva enveloppée dans les longues querelles qu’enfanta la réforme, et parut aux différens souverains de la Suède, pendant cette période incertaine, tantôt trop catholique et tantôt trop luthérienne. Gustave Vasa vit en elle la forteresse de l’église qu’il avait renversée, et, au contraire, son fils Jean III, qui parut tenter de rétablir le catholicisme, la trouva opposée à ses changemens liturgiques ; il la