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de bien, être âgé de vingt-cinq ans, avoir maison ouverte dans le canton ; sont exclus : ceux qui ont à débattre avec la junte des intérêts particuliers, les créanciers de la province, les employés du gouvernement central, les employés payés de la province, les ecclésiastiques, et en dernier lieu tous ceux qui sont sous le coup d’un jugement pour crime de droit commun.

Longtemps les avocats n’eurent pas le droit d’être élus, « parce qu’ils s’intéressent pour les malfaiteurs et cherchent questions et disputes les uns avec les autres ; » mais un décret récent est revenu sur cette exclusion. La charge de représentant est obligatoire sous peine d’amende ; par contre, il n’est pas permis de s’offrir comme candidat ; les représentans touchent pendant la durée des juntes une modeste rétribution qui varie selon les ressources du canton qui les nomme. Quant à la manière dont se pratique l’élection, comme pour les conseils municipaux, liberté complète est laissée à chaque localité, et tous les systèmes s’y retrouvent, depuis le suffrage universel jusqu’à l’élection à deux degrés. Les attributions des juntes générales s’étendent à tout ce qui concerne l’administration de la province, comme la confection des lois de concert avec le pouvoir central, le vote du budget, la répartition proportionnelle de l’impôt foral entre les cantons, l’adoption des mesures nécessaires touchant la police, les ponts et chaussées, les établissemens de bienfaisance, le culte et le clergé, l’instruction publique, enfin la nomination des employés et de la députation générale. Anciennement, les juntes d’Alava et de Guipuzcoa possédaient des pouvoirs judiciaires assez étendus que la loi de 1841 leur a ravis. La députation générale ou pouvoir exécutif se compose d’une seule personne en Alava, de deux en Vizcaye, de trois en Guipuzcoa ; c’est au député général qu’il appartient, comme magistrat suprême, de convoquer les juntes et de faire exécuter leurs accords ; dans les cas graves et d’intérêt commun, il est d’usage que les députés des trois provinces se réunissent en compagnie de trois conseillers et s’entendent ensemble pour la défense des fueros ; les actes de cette assemblée sont dressés en triple et portent l’empreinte du sceau aux trois mains enlacées avec la noble devise Irurac-bat, littéralement les trois-une, emblème de la confraternité euskarienne. En Vizcaye, depuis la fin du XIVe siècle, les juntes sont partagées en deux fractions politiques, gamboïnos et oñecinos, dont les noms rappellent les anciennes querelles des bandos. Du reste tout s’y passe à l’amiable ; chaque parti nomme parmi ses membres une députation complète, et comme la charge doit durer deux ans, les onecinos l’exercent la première année, les gamboïnos la seconde, et de la sorte tout le monde a part au gouvernement. Dans le principe, il