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conserve le souvenir d’un certain M. Marcius Justus, vétéran de la septième cohorte prétorienne de cavalerie dans l’armée d’Adrien, devenu magistrat d’Albe et curateur de l’émissaire ; cela ferait croire à l’établissement sous Le règne de cet empereur de toute une administration relative au Fucin. Enfin M. Brisse a retrouvé des tronçons de galerie inférieure construite, évidemment sous l’empire, et d’après lesquels il lui paraît certain qu’Adrien ouvrit la muraille servant. de base au puits pratiqué par Narcisse pour la seconde inauguration, et mit de la sorte sa prise d’eau nouvelle en communication immédiate et directe soit avec le canal creusé jadis au-dessous du bassin Hexagonal, soit avec le radier du bassin trapézoïde et l’entrée de l’émissaire. Adrien aurait donc achevé ce que Narcisse avait préparé ; il aurait ajouté réellement à l’étendue des terres déjà desséchées toutes celles que découvrit un second écoulement des eaux.

Il est très probable en effet qu’à partir d’Adrien le niveau du lac fut très notablement abaissé, puisque d’une part nous ne rencontrons plus après lui aucune mention d’opérations nouvelles autres que des déblaiemens, et que d’autre part on a retrouvé, paraît-il, à une certaine profondeur dans le bassin du lac, des restes d’habitations et de plantations antiques, des souches d’arbres assez grosses et encore à leur place, peut-être même des traces de briqueteries devant dater de l’époque impériale. Du IIe au XIIIe siècle, on n’a plus de témoignage sérieux d’aucune sorte concernant l’émissaire du Fucin. De très vagues indices conduisent à croire qu’il fut entretenu jusqu’à l’époque des invasions barbares, avec un procurateur et tout le personnel ordinaire de l’administration romaine. Probablement ces fonctionnaires habitaient, près de l’incile, où l’on a découvert en 1855 les restes d’habitations assez considérables, d’une salle de bains, d’un cimetière, et d’un petit temple ou d’une chapelle dont l’inscription[1] indiquait qu’elle était consacrée au culte de la famille des Césars, à celui des dieux Lares, et même au génie du Fucin, honoré en divers endroits sur les bords du lac. Ces détails sont d’autant plus curieux qu’ils concordent avec plusieurs autres ; on voit quelquefois par exemple dans les livres le mot incile interprété comme étant le nom d’un bourg ou d’une petite ville : est-ce une simple erreur ou bien un souvenir à demi effacé ? En outre des constructions romaines que nous avons énumérées comme précédant l’émissaire, on voit sur le flanc du mont Salviano l’admirable ouverture du cunicolo maggiore, c’est-à-dire de la galerie inclinée qui descend du pied de la montagne jusque dans l’émissaire,

  1. Onesimus Aug. lib. proc. fecit imaginibus et Laribus cultoribus Facini/