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chemins de fer, les griefs des employés, les accusations portées par ceux-ci contre leurs administrateurs de chercher à recouvrer par des réductions de salaires les sommes dilapidées dans des vues d’ambition personnelle, ou gaspillées dans des guerres de tarifs, les souffrances de la population ouvrière, tout cela constituait, pour employer l’expression américaine, un capital politique dont les partis devaient chercher à s’emparer. La convention électorale républicaine de l’Ohio était réunie, le 3 août, afin de désigner les candidats du parti aux élections d’octobre. Elle a adopté un manifeste rédigé par M. Stanley Matthews, sénateur au congrès, dans lequel se trouve la déclaration suivante :


« Nous sympathisons cordialement avec la situation des travailleurs honnêtes et industrieux qui sont disposés à travailler et demeurent sans occupation, ou qui sont employés à des salaires insuffisans pour assurer leur bien-être (comfort) et leur indépendance, et comme marque de notre désir de trouver un remède à cette situation, nous recommandons :

« 1° Que le congrès établisse une administration nationale de l’industrie ;

« 2° Que le congrès exerce son autorité sur toutes les voies nationales de transport par la prescription et la mise en vigueur de règlemens raisonnables de nature à accroître la sécurité des voyageurs, à assurer un bon revenu au capital engagé et de bons salaires aux employés, en mettant fin à la mauvaise administration, aux traitement de faveur, et à l’agrandissement permanent des administrateurs, qui ont lieu aux dépens des actionnaires, des expéditeurs et des employés.

« 3° Qu’il soit institué un arbitrage obligatoire entre les patrons et leurs employés pour régler leurs différends, concilier leurs intérêts et faire prévaloir dans leurs rapports la justice et l’équité. »


Le candidat désigné pour les fonctions de gouverneur, le juge West, n’a point fait difficulté d’accepter ce programme, et voici comment il s’est exprimé sur cette question dans son discours d’acceptation :


« Si j’en avais le pouvoir, je voudrais tout au moins tenter l’expérience que voici : j’interdirais aux grandes compagnies de chemins de fer, ces grandes voies du commerce et de l’industrie, de réduire leurs tarifs par une concurrence ruineuse jusqu’au point de se mettre hors d’état de rémunérer équitablement leurs agens. J’irais plus loin : je fixerais un minimum de salaires pour tous ceux qui travaillent dans les mines ou sur les chemins de fer, et j’exigerais un compte des recettes nettes et de tous les produits du capital engagé ; à la fin de l’année, l’ouvrier recevrait, en sus de la rémunération fixe de son travail, un