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singulièrement faciles à défendre fut d’un acharnement sans pareil, deux tentatives furent faites pour obtenir passage à travers les lignes prussiennes. On eût dit que les gens de la commune, semblables à des créanciers exigeans, réclamaient le paiement de la dette de reconnaissance contractée pendant le siège par les Allemands envers le parti révolutionnaire qui les avait si puissamment aidés par ses impitoyables diversions. Hippolyte Parent fit sonner en parlementaire et alla demander à un chef de bataillon bavarois l’autorisation de faire retraite derrière les lignes d’investissement. On lui répondit que l’on n’avait point d’ordre et qu’on en référerait au général Fabrice, qui commandait à Saint-Denis. Un peu-plus tard, Arnold, le membre de la commune, sortit à son tour ; il essaya d’entrer en pourparlers avec les Allemands, fut promené d’officier en officier, et enfin renvoyé avec sa courte honte. Pendant que les uns se cherchaient pour se fusiller, que les autres s’efforçaient de se mettre à l’abri au-delà des armées de l’Allemagne, Jules Allix, l’ancien délégué à la mairie du VIIIe arrondissement, arrivait, tout rayonnant, sur les hauteurs de Belleville. Avec le bonheur qui accompagne les fous, il avait, nous ne savons comment, traversé Paris, et il apportait cette bonne nouvelle que, le centre de la ville étant dégarni de troupes, rien n’était plus facile que de s’en emparer ; il suffisait pour cela de faire « une légère poussée. » La commune alors serait victorieuse à jamais ; et l’on rentrerait dans l’ère de la félicité universelle. Au lendemain de la victoire, le gouvernement légal eut pitié de ce pauvre homme et s’empressa de le réintégrer à Charenton, d’où il n’aurait jamais dû sortir.

Th. Ferré ne se boitait pas, car cela ne paraît pas avoir été trop dans ses habitudes ; plus délègué que jamais à la sûreté générale, cet avorton au bec crochu se sentait charge d’âmes et pensait aux otages qui étaient fort nombreux encore, car la Petite-Roquette seule contenait 1,333 soldats, amenés de différentes casernes, ainsi que nous l’avons déjà dit. La Grandet-Roquette était moins peuplée, elle renfermait 167 détenus criminels et 315 otages. Ceux-ci n’étaient point réunis dans la même division. Les survivans de la quatrième section étaient enfermés dans le bâtiment de l’ouest ; un groupe de 95 militaires était placé dans les dortoirs en commun du même bâtiment. Dans le bâtiment de l’est, séparé de l’autre par la cour principale, la première section, occupée la veille encore par les gendarmes massacrés au secteur de la rue Haxo, était déshabitée ; au-dessus, au deuxième étage, des sergens de ville étaient incarcérés ; au troisième étage, troisième section, quelques prêtres, des artilleurs, des soldats, de différentes armes étaient en cellules. Celles où les ecclésiastiques étaient emprisonnés restaient fermées par ordre du directeur François ; les autres étaient ouvertes et