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gauche sont les vignobles du Médoc, sur la droite les côtes de Bourg, également plantées de vignes. Il y a aussi dans toute cette région de belles carrières de pierres de taille, qui envoient leurs produits à Bordeaux. Un peu plus bas est Blaye, jadis une place forte des protestans et dont la citadelle reçut en 1832 la duchesse de Berry ; sur l’autre rive, en descendant encore, est Pauillac, qu’on peut nommer l’avant-port de Bordeaux : c’est là que les grands steamers de la Compagnie des messageries maritimes complètent leur chargement au départ ou s’allègent à l’arrivée ; c’est là que mouillent ceux d’un plus fort tonnage de la Compagnie transatlantique, pour laquelle Bordeaux n’est qu’un port d’attache et qui ne touchent qu’à Pauillac. Jusqu’ici le fleuve était semé d’îlots sur son milieu, à présent on n’aperçoit plus les deux rives à la fois et l’on est véritablement en mer. Il faut veiller assidûment pour éviter les abordages, encore assez fréquens, puisqu’en décembre 1875 une collision a eu lieu la nuit dans ces parages entre deux paquebots à vapeur, l’un des Messageries maritimes, l’autre de la Compagnie transatlantique.

A l’embouchure de la Gironde est Royan, sur la rive droite, Royan qui a donné son nom à une variété de sardines recherchée des gourmets, et qui est non moins connue maintenant par ses bains de mer, qui en ont fait comme une ville nouvelle. En été, c’est le rendez-vous des riches oisifs des Charentes et de la Gironde. La plage où la mer, avec le reflux, dépose une partie de ses habitans, poissons, mollusques ou rayonnés, est chère au naturaliste. Le phare élevé et grandiose de Cordouan se dresse sur un écueil au milieu des flots, et divise nettement sur l’Océan l’une et l’autre passe par où les navires peuvent entrer en Gironde. Ces passes, qui ont jusqu’à 25 mètres de profondeur, font de ces embouchures une des plus remarquables des fleuves d’Europe. Il faut aller jusqu’en Amérique pour en trouver de plus profondes. Le courant marin laboure la partie droite du golfe de Gironde, dont d’anciens villages ont ainsi disparu peu à peu ; sur la partie gauche se dessine ce qu’on nomme la pointe de Graves. Le chenal navigable est indiqué par des phares, des balises, des bouées, et l’entrée du fleuve est assurée en tout temps et accessible aux plus forts navires.

C’est à la pointe de Graves que commencent les dunes. Derrière elles viennent les landes et bientôt la chaîne des étangs : l’étang d’Hourtin, celui de la Canau, qui communique avec l’étang d’Arcachon, celui-ci avec l’étang de Cazau, auquel pareillement se lient les étangs de Parentis et d’Aureilhan. Ceux-ci sont dans le département des Landes, et suivis d’autres étangs indépendans les uns des autres, jusque vers l’embouchure de l’Adour.