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écrivait au marquis de Noirmoutier, un des meilleurs amis de Retz, pour l’assurer que la promotion aurait lieu sans difficulté, et pour lui donner l’éveil sur certaines cabales que le duc d’Orléans, prétendait-il, quoique bien à tort, à la sollicitation des princes, ourdissait à Rome contre le coadjuteur. « On m’a donné avis, lui mandait-il, de Huy, le 2 novembre, que M. le duc d’Orléans, à l’instance de M. le prince, agit à Rome pour empêcher la promotion de M. le coadjuteur. La personne qui m’assure cela m’a paru toujours assez bien informée. Néanmoins je n’appuie pas la chose, mais étant question du service de M. le coadjuteur, j’ai cru ne pouvoir pas me dispenser de vous avertir de ce que dessus, car il sera bien aisé d’en savoir la vérité... Je puis pourtant assurer M. le coadjuteur que les avis que j’ai de Rome, de très bonne part, sont qu’il n’y aura point de difficulté à son affaire, et que lorsque le pape pourra aller au consistoire, se portant déjà assez bien pour cela, il fera assurément la promotion...[1] »

A quelques jours de là, le 13 novembre, il écrivait de Dînant à un autre ami de Retz pour lui donner de bonnes nouvelles de l’affaire pendante à Rome. « J’ai été ravi, lui disait-il, de tout ce que vous me mandez de M. le coadjuteur, et j’apprends de tous côtés avec un très grand plaisir l’état assuré que je puis faire de son amitié. Je m’assure qu’il n’aura jamais sujet de douter de la mienne, et que, pourvu qu’il prenne la peine de se faire éclaircir des choses qu’on lui pourrait dire pour l’en faire douter, je n’aurai pas de peine à lui faire connaître que ce sont artifices. J’en userai de même de mon côté, et comme cela j’espère que tout ira bien. Je viens de recevoir tout présentement des lettres de l’ambassadeur qui est à Rome et d’autres amis que j’y ai, par lesquelles j’apprends avec une dernière joie que les diligences de M. le prince et de M. le prince de Conti n’avaient pu rien produire auprès du pape au préjudice de la promotion de M. le coadjuteur, laquelle personne ne met en doute, et je crois absolument qu’elle se fera au premier consistoire du mois prochain. Je vous prie de vous en réjouir par avance avec lui de ma part, et lui dire que cela vient du cœur et que je suis persuadé que rien ne saurait être plus avantageux au service du roi et à mes intérêts particuliers que de le voir au plus tôt en possession de cette dignité[2]. » Des protestations d’amitié pour Caumartin, Noirmoutier et Bussy-Lamet, autres amis du coadjuteur, accompagnaient cette lettre.

Par cette espérance sans cesse renouvelée d’une prochaine promotion,

  1. Archives du minist. des affaires étrang. France. Lettres de Mazarin, t. XXIX.
  2. Archives du ministère des affaires étrangères, Lettres de Mazarin, t. XXIX.