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qu’il dût être d’autant plus recherché qu’il laisse au mineur la libre disposition de la plus grande partie de son temps et qu’il peut ainsi se prêter à un cumul bien entendu; mais il paraît qu’il est tenu pour déshonorant, en sorte que tout mineur qui se respecte s’en abstient. Un autre métier plus honorable et qui exige plus de ressources d’esprit est celui de prospecter. Le prospecter est l’homme qui, au début d’un rush, c’est-à-dire d’une affluence à une localité où se recueille l’or d’alluvion, se charge de battre la campagne pour découvrir les places où l’or peut être caché, après avoir préalablement déclaré son intention au gouvernement. Quand ses recherches sont heureuses, il en est récompensé par le droit de choisir son terrain propre d’exploitation et de prendre pour lui seul une part trois ou quatre fois supérieure à celle que la loi accorde à chaque mineur. Quant aux mœurs générales des mineurs, M. Trollope les a trouvées à peu près irréprochables, sauf sous le rapport du jeu. Les mineurs ne boivent pas pendant leurs travaux, sont polis et affables, ne se disputent pas entre eux, si ce n’est occasionnellement, lorsqu’on s’est emparé pendant une absence de leurs terrains qu’on a pu croire abandonnés, ne commettent pas de violences, et, dans leurs différends, ont recours à la police et à la justice du district. Il y a, on le voit, entre ces chercheurs d’or et ceux de la Californie une différence qui est toute en faveur de l’Australie.

De toutes les richesses minérales de l’Australie, l’or est la seule qui soit exploitée sur une vaste échelle. Deux des colonies font cependant une certaine exception, la Nouvelle-Galles du sud pour la houille, et l’Australie du sud pour le cuivre. La production de la houille dans la Nouvelle-Galles du sud a été assez considérable pour donner naissance à Newcastle, la seconde ville en importance de la colonie, mais que cette production est faible encore comparativement à l’étendue des terrains houillers de la mère des Australies ! Cette étendue approximative est de 24,840 milles carrés, et le nombre de tonnes de houille extraites en 1875 était de 1,253,475, ce qui est le chiffre le plus élevé que M. Reid nous donne sur ce sujet. C’est que, bien que la houille soit une source de richesses plus certaine que l’or, qui en est seulement la représentation, elle a besoin pour produire ces richesses du travail de l’homme, et que ce travail lui fait défaut en Australie. Pas d’usines et de fabriques, le travail manufacturier est pour ainsi dire à naître en Australie; quelques machines mues par la vapeur dans les mines et les industries particulières, c’est à peu près tous les services que le travail australien réclame de la houille. Les chemins de fer, encore dans l’enfance et attendant que l’accroissement de la population leur donne une raison de s’étendre, n’exigent pas non plus une consommation effrénée; à la fin de 1875, 437 milles de railways