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n’avait pas trouvé dans un travail soutenu, dans une consommation sans cesse croissante, les moyens de supporter un tel fardeau.

De l’année 1871 à l’année courante, Paris a eu recours quatre fois à l’emprunt : en 1871, pour 350 millions effectifs qui exigeront un remboursement final de 518 millions ; en 1872, pour 19 millions 1/2 ; en 1875, pour 210 millions qui représentent un capital nominal de 250, et en 1876 pour 120 millions qui en représentent 129. Le service des intérêts et de l’amortissement des nouveaux emprunts ajouté à celui des cinq emprunts antérieurs, dont le plus ancien date de 1855, les annuités de la dette immobilière contractée à divers titres, celles de la dette flottante enfin, se soldent dans le budget de dépenses de 1877 par une allocation de plus de 106 millions dont 94 pour la dette consolidée.

Le capital de cette dette à rembourser au 1er janvier de cette année s’élevait à 1,904 millions en chiffres ronds. La dette du royaume de Prusse, qui compte 24 millions d’habitans, ne monte pas à plus de 1,150 millions de francs, et encore, à côté de l’intérêt de 46 millions, consacre-t-on 20 millions par an à l’amortissement. En 1860, l’intérêt et l’amortissement des dettes consolidée et flottante de la ville de Paris exigeaient une somme annuelle de 15 millions environ, et de moins de 33 en 1869, auxquels il fallait ajouter, il est vrai, plus de 21 millions pour la dette nouvellement contractée envers le Crédit foncier ; nous avons, comme on le voit, bien dépassé ces chiffres. S’il est nécessaire de récapituler les sommes empruntées, il est instructif de connaître les conditions du prêt : l’emprunt de 1869, avant la guerre, ressortait à 4,49 pour 100 ; celui de 1871 en a coûté 5,26 ; en 1872 un prêt temporaire de 19 millions qui va prendre fin a été contracté au taux de 6 pour 100, mais dès 1875 on retombe à 5,06 pour 100, et l’intérêt de l’emprunt de 1876 ne dépasse pas 4,78 pour 100. C’est, on en conviendra, une grande amélioration dans le crédit de la ville.

En même temps que le budget faisait face à cet accroissement des charges de la dette et soldait les dépenses de la guerre, il augmentait aussi les allocations de divers services ; enfin il reprenait les grands travaux d’amélioration dont la population parisienne a toujours eu le goût, on pourrait dire même la passion. Prenons pour exemple dans les dépenses d’un caractère spécial celles qui se rapportent aux établissemens de bienfaisance, aux besoins de la sécurité, de la salubrité et de l’instruction publique. En 1869, les allocations pour la garde municipale et les sapeurs-pompiers s’élevaient à 3,800,000 francs, pour l’instruction primaire à 6 millions 1/2, pour les établissemens de bienfaisance à 12 millions 1/2. La préfecture de police réclamait pour la part de la ville près de 16