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San-Pedro ; il enlève le hameau de las Carreras et s’y retranche, tandis que ses tirailleurs cherchent à s’avancer du côté de la redoute qui couvre le centre ennemi. Le combat continue indécis le reste de la journée. Toutes les pièces s’étaient réunies pour battre à la fois les positions de San-Pedro-Abanto ; la nuit vient mettre un terme à l’engagement. Le lendemain les troupes libérales reprennent leur mouvement en avant. Les quatre batteries avaient traversé la rivière et concentraient leur feu sur le centre ennemi. Primo de Rivera, partant des tranchées conquises le 25, suit le long du chemin de fer, défilé ainsi du feu des carlistes qui tenaient les tranchées au-dessus de la voie : ses efforts se dirigent surtout sur le hameau de Putcheta, caché dans un ravin un peu en avant de San-Pedro ; après quatre assauts successifs, les carlistes sont enfin délogés de ce poste. Au centre, Loma n’avançait guère ; les progrès n’étaient pas faciles sur ce terrain morcelé où les clôtures de toute sorte constituent un nombre infini de lignes de défense que l’assaillant doit enlever pied à pied.

L’attaque suprême eut lieu le 27 mars. Toutes les forces de l’armée y prirent part. Les batteries concentrées près de las Carreras commencent l’action par un feu terrible dirigé sur les villages de San-Pedro-Abanto et de Santa-Juliana et sur la redoute qui les couvre ; les tirailleurs entretiennent en même temps une fusillade très vive contre l’ennemi. La gauche, restée inactive pendant les deux premiers jours, est chargée de coopérer à l’attaque générale ; elle passe la rivière sur un pont de bateaux à Murquiz, se lance sur les pentes escarpées de la montagne et enlève bientôt la première ligne des tranchées carlistes. Il est une heure et demie de l’après-midi, toute la ligne de bataille est couverte de feux. Serrano croit le moment venu de prononcer vigoureusement son attaque contre le centre de ses adversaires : entraînées par leurs officiers, qui montrent une bravoure héroïque, les troupes libérales s’élancent de tous côtés à l’assaut. La grande redoute, protégée par un fossé profond et vaseux, est enfin enlevée ; un peu plus à gauche les bataillons de Loma s’emparent, après une lutte acharnée, des maisons de Murrieta, situé sur un pli de terrain, à quelques centaines de mètres de San-Pedro. Cependant les carlistes, bien abrités, continuaient à faire pleuvoir de leurs positions du centre une grêle de balles. Primo de Rivera est blessé grièvement en entraînant ses hommes et sa chute cause un instant de panique. Serrano, qui voit le danger, s’élance, suivi de ses officiers, rallie les fuyards et les ramène au feu. Quelques soldats parviennent jusqu’à l’église de San-Pedro, mais, malgré des efforts désespérés, leurs camarades ne peuvent emporter les dernières maisons du village. Serrano, à l’approche de la nuit, est obligé de donner le signal de la retraite.