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d’ailleurs pour nourrir, habiller et abriter un indigène. Il semble que ce n’est point pour l’habitant de ces contrées heureuses que la rude loi du travail de la terre ait été faite. Ici point d’hiver, pas de saisons stériles à époque déterminée, mais un ciel toujours clément et une nature incessamment féconde. L’homme n’y est cependant pas meilleur que sur notre continent, puisque dans les parties non conquises de l’île les tribus se livrent entre elles des combats sans trêve.

Il y a des mines de charbon dans les provinces de Cébu et d’Albay ; malheureusement elles sont loin de produire ce qu’on pourrait en attendre. Le pétrole se trouve sur le mont Atclan d’Iloilo. La seule source connue, située à une hauteur de 3,000 pieds, n’est pas exploitée ; elle sort des interstices d’une terre argileuse pour aller se perdre sans profit dans le sol à quelques pas de là. Les sauvages qui habitent la montagne, ayant un jour approché une lumière de l’essence minérale, s’enfuirent épouvantés en la voyant jeter une clarté soudaine ; ils la laissèrent brûler pendant plusieurs mois sans oser en parler en personne. Un jour pourtant ils se décidèrent à aller dire à un Espagnol que sur les hauteurs qu’ils habitaient il y avait de « l’eau qui brûlait. » C’est ainsi que cette source fut découverte. Aujourd’hui les sauvages racontent à ce sujet que les âmes de leurs ancêtres se réunissent depuis un temps immémorial dans les profondeurs du mont Atclan ; leurs divinités n’ont point voulu les laisser dans les ténèbres, et elles ont donné à chaque mort une grande torche enflammée dont la lueur ne s’éteindra jamais ; d’âge en âge le nombre des âmes et celui des lumières est devenu considérable : il n’est donc pas étonnant de voir des flammes s’échapper par momens des flancs de la montagne.

L’or roulé ou adhérant à des fragmens de quartz se trouve dans les provinces de Cagayan, Misamis, Albay et Nueva-Ecija. Dans la grande île de Mindanao, au sud des Philippines, on le rencontre abondamment en unes paillettes qui servent de monnaie aux farouches insulaires. Partout ailleurs ce sont les sauvages Igorrotes qui s’occupent principalement de son extraction. L’Indien, trop indolent pour laver les sables aurifères, se contente de ramasser une grosse pépite qui lui permet, s’il la trouve après quelques jours de recherches, de vivre pendant plusieurs mois sans rien faire. Le poids total et annuel de l’or recueilli aux Philippines est évalué à 16,000 onces, ce qui représente une valeur de 1,280,000 francs. Une grande partie de ce métal sert à la confection des bijoux ; les Chinois en emportent aussi beaucoup avec eux lorsqu’ils retournent définitivement en Chine. Un de nos compatriotes, M. Oudan de Verly, est le seul qui se soit occupé sérieusement d’exploiter quelques riches filons à Caraga, dans l’Ile de Mindanao ; il est mort