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enlever avec soin du semis pour les replanter. En supposant que la semence ait été faite en septembre, c’est vers le milieu de novembre que doit se faire la transplantation. En octobre, on fait un nouveau plant, par crainte de voir le premier sans résultat, et aussi pour obtenir des tabacs qui seront destinés à être transplantés dans les terres basses.

Le sol qui est destiné à recevoir les jeunes pousses doit être quelque peu calcaire, et enrichi préalablement de fumier ou plutôt de débris végétaux, à une profondeur de 2 pieds. Plus les racines sont enfoncées en terre, mieux la plante y croît. De tous les terrains destinés à la culture des tabacs aux Philippines, celui de Cagayan est le meilleur, parce que chaque année, comme les deltas du Nil, il est couvert d’eau, et qu’il en reçoit une couche de boue qui le rend très productif. Les plantations qui se font dans les vallées de cette province sont plus favorisées que celles qui se font sur les hauteurs. Les premières sortent de terre avec rapidité ; les feuilles en sont larges, fortes, pleines de suc, et ont une magnifique apparence, pendant que les secondes n’atteignent jamais un grand développement et ne donnent que des produits inférieurs. Il arrive parfois dans les bonnes terres qu’en janvier et février, et quelquefois en mars, les eaux viennent à recouvrir les plantations ; alors tout est perdu. N’oublions pas de dire que les champs destinés à la culture du tabac doivent être labourés trois ou quatre fois, hersés au moins deux fois, et que chaque plant doit être séparé des plants voisins par un espace de 3 pieds. En les enlevant du semis, il faut avoir bien soin que la terre qui tient aux racines ne se détache pas. Généralement, on donne un léger abri aux jeunes plantes, pour les protéger contre les ardeurs du soleil, et pour les faire humecter plus longtemps de la rosée du matin.

Une espèce de ver-coquin est très nuisible aux plantations des tabacs ; la pluie leur est également très contraire, parce qu’elle enlève aux feuilles la substance gommeuse qui est si nécessaire à leur arôme. Du reste, toute récolte faite en mauvais temps est détestable et on reconnaît aisément qu’elle s’est effectuée dans des conditions défavorables lorsque les produits sont tachés de petits points blancs. Toutes les feuilles cassées ou malades doivent être radicalement enlevées de leur tige. Ce sont les plus élevées d’entre elles qui sont le plus tôt mûres ; pour être coupées, il faut qu’elles aient une couleur jaune obscur. Cette opération ne doit se faire que par un temps très sec, jamais lorsque l’atmosphère est humide, jamais lorsque le soleil n’a pas eu le temps d’absorber la buée qui les humecte chaque nuit. Lorsque les feuilles sont coupées, on les transporte sous des hangars, dans des chariots couverts ; là, elles