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L’ASIE CENTRALE
ET
LE REVEIL DE LA OUESTION D’ORIENT

I. Clouds in the East : travels and adventures on the Perso-Turkoman frontier, by Valentine Baker. London 1876; Chatto and Windus. — II. The Roof of the World, being the narrative of a journey over the high plateau of Tibet, to the Russian frontier and the Oxus sources on Pamir, by lieutenant-colonel T. E. Gordon. Edinburg 1876; Edmonston and Douglas. — III. Turkistan : Notes of a journey in Russian Turkistan, Khokand, Bukhara and Kuldja, by Eugène Schuyler. London 1876; Sampson Low.

C’est en vain que de sages conseillers essaient d’arrêter les conquérans dans la voie des agrandissemens : leurs remontrances, comme celles de Cynéas, sont éternellement destinées à demeurer infructueuses. Les conquérans, hommes ou peuples, sont des instrumens dans la main de Dieu, qui se sert d’eux pour mettre en contact des races séparées par la langue, les mœurs et la religion, pour renverser les barrières humaines à l’aide desquelles les nations essaient de s’isoler, et pour renouveler ainsi la face du monde. A un certain moment de la vie des nations, il semble qu’une secrète et irrésistible force d’expansion les entraîne en dehors de leurs frontières et les jette sur leurs voisins; comme chaque pas en avant crée un nouveau voisinage, de nouvelles inimitiés et de nouveaux sujets d’appréhensions, la nation conquérante, à la poursuite d’une sécurité qu’elle n’atteindra jamais, continue à s’étendre par une succession d’agrandissemens, jusqu’à ce qu’elle se trouve en face d’un autre flot humain assez fort pour l’arrêter.

C’est ainsi que Rome et Carthage, étendant, chacune de son côté, leur domination sur des peuples d’une civilisation inférieure ou