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tête plus grande et disproportionnée, le cou court, les pieds larges, imitant en un mot le type des poneys ; en résumé, une apparence peu gracieuse. Sa taille devait être à peu près celle des chevaux modernes de la pampa, légèrement plus petits que ceux d’Afrique.

Il nous reste à dire ce qu’étaient les aspects de la plaine pampéenne à l’époque où ces animaux, si nombreux et si variés, l’habitaient. Ce n’est qu’au commencement de ce siècle, avec Darwin et D’Orbigny, que l’on songea à se préoccuper de l’étude préhistorique du continent sud-américain. D’Orbigny soutint cette thèse qu’une mer avait couvert la pampa à la suite d’un violent cataclysme, probablement produit par un soulèvement dans les Cordillères, qui éleva le fond de la mer voisine et fit déborder ses eaux. Darwin ayant reconnu que cette théorie se heurtait à des impossibilités, qu’elle n’était pas compatible avec la présence du terrain pampéen à 1,100 et 1,500 mètres d’élévation, avec l’épaisseur générale de la formation, ni surtout avec la présence d’animaux terrestres et l’absence d’animaux marins, essaya de la modifier. Il admit la formation marine, mais déposée sur les bords d’une grande baie réduite peu à peu aux proportions d’un estuaire boueux, sans se préoccuper de l’absence d’animaux marins, et en établissant que les animaux terrestres avaient été transportés par les eaux après leur mort sur les rives de l’estuaire ou dans l’estuaire même. Les deux seuls points étudiés par ces deux grands naturalistes étaient la côte du Paraná, près de la ville de ce nom, et la baie à l’embouchure du Rio-Negro. Ces observations étaient évidemment insuffisantes pour servir de base à une théorie complète et définitive de la formation de terrains aussi étendus, qui couvrent plus de la moitié du continent sud-américain ; elles ne tiennent pas compte du soulèvement des Andes, phénomène qui devait avoir concouru à la formation aussi bien que déterminé les cataclysmes qui avaient changé l’aspect de ces régions. Aussi ces deux hypothèses ne résistent-elles pas à un examen attentif, et ne sauraient-elles être mises d’accord avec tous les faits déterminés depuis. Il n’est pas admissible que des animaux aussi gigantesques que ceux dont on trouve les squelettes aient été transportés, après leur mort, des hauteurs où ils vivaient, jusque sur les bords de l’estuaire actuel de la Plata.

M. Bravard et M. Burmeister, qui, tous les deux, ont combattu ces théories, sont d’accord sur ce point que ces animaux ont vécu et sont morts là où l’on a trouvé leurs cadavres ; mais ils diffèrent d’opinion sur la manière dont s’est déposée la formation. M. Bravard était un paléontologue français venu à Buenos-Ayres vers 1852, attiré par la richesse des gisemens fossiles, et qui, après avoir consacré toutes les heures de son séjour à des études sur la