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plus ou moins prononcées. Parmi ces glyptodontes, une variété, le chlamypharus, possédait des sortes d’anneaux, qui, sans être mobiles, étaient composés de plaques en files transversales reliées par des sutures fixes; l’on a recueilli en outre des fragmens d’une variété que l’on a pu classer sous le nom de Loricata Dasypus, qui avait des anneaux articulés et pouvait ainsi se mettre en boule et se mouvoir dans tous les sens.

En ce qui touche les ruminans, il est assez curieux de remarquer que les ossemens fossiles que l’on trouve appartenant à ce genre, soit à des cerfs, soit à des lamas ou chameaux de l’Occident, ne dénotent aucune différence avec ceux de l’époque actuelle.

Les pachydermes sont représentés par plusieurs genres connus en Europe, macrauchenia, toxodonte, mastodonte, et, ce qui est plus singulier, par le cheval, qui avait vécu sur ce sol, d’où il devait plus tard disparaître, pour y rentrer ensuite en colon. Il n’existait, on le sait, en Amérique aucun animal qui pût lui être comparé lors de la découverte de ce continent par les Européens; mais son existence à l’époque diluvienne ne saurait être mise en doute en présence des preuves nombreuses recueillies par plusieurs savans et surtout du magnifique exemplaire complet que renferme le musée. Dans un mémoire qu’il vient de publier sur ce sujet, M. Burmeister établit que le cheval fossile, comme tous les autres animaux éteints de cette époque, ne se trouve que dans la couche inférieure; il disparut comme eux. La première découverte qui en fut faite est due à Darwin, qui, en 1832, découvrit sur les bords du Paraná une molaire de cet animal, et, frappé de l’importance de ce fait, le communiqua immédiatement à Londres, sans se douter que lui-même avait envoyé déjà deux mois auparavant une autre molaire de cheval, enveloppée dans la terre qui couvrait le crâne d’un mégathérium. Depuis, les trouvailles ont été nombreuses; différens savans ont contribué à classer les variétés du cheval fossile, curridens, principalis, macroquathus, americanus. Aujourd’hui cette démonstration est complète, et une particularité constatée par M. Burmeister a servi de point de départ à une nouvelle classification : c’est l’existence, chez certains chevaux fossiles, d’un os super-nasal, indépendant, de 28 centimètres de long et de 2c, 5 à sa base, venant s’unir à l’os frontal. Ce genre nouveau a été désigné sous le nom d’hippidium ; il se distingue par cet appendice nasal, qui peut faire supposer qu’il avait une sorte de trompe, et en outre par des différences de molaires et par ses pieds de devant possédant les restes d’un quatrième doigt qui manque aux pieds de derrière. Ce genre, comme le précédent, se rapproche plus, par son aspect extérieur, de l’âne et du zèbre que du cheval domestique : le tronc est plus fin, les membres plus petits que chez le cheval actuel, la