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Des trois espèces de pins appartenant en Europe aux climats rudes, l’une, le pin sylvestre, est très répandue, tandis que les deux autres, le pin de montagne et le pin cembro, sont très rares. Le mélèze vient s’adjoindre à ces pins soit vers le pôle, soit sur les hautes montagnes.

Le plus important des pins d’Europe est certainement le pin sylvestre, spécialement connu sous le nom de pin du nord. On le désigne encore par beaucoup d’autres dénominations empruntées à ses diverses stations, comme l’Auvergne, Briançon, Haguenau, Riga, l’Ecosse et la Norvège. Ses aiguilles, longues de 5 à 6 centimètres seulement et rayées de gris cendré, lui donnent un feuillage terne, qui permet de le reconnaître à distance. Les cônes et l’écorce du pied de l’arbre ont de même une teinte grisâtre; mais la partie haute du fût et la naissance des branches se distinguent par une écorce d’un roux vif tout à fait caractéristique. L’aire d’habitation de ce pin est très remarquable par son étendue. Arbre de plaine et de montagne, il s’avance depuis l’extrême nord de l’Europe jusqu’aux régions méridionales, depuis la Mer-Glaciale jusqu’à la Méditerranée. Dans le bassin de la Baltique, le pin sylvestre ne forme pour ainsi dire qu’une immense forêt de 50 millions d’hectares. Le plateau attenant de la Russie centrale en a tout autant, et la forêt de pin sylvestre s’étend encore au-delà de l’Oural dans la Haute-Sibérie; c’est l’arbre des déserts du nord. Dans le bassin du Danube, on ne le rencontre plus qu’en montagne; sur les Alpes, il s’élève parfois très haut aux expositions méridionales en raison de l’abri puissant des grandes chaînes; dans les Pyrénées, il forme encore des forêts à 1,500 mètres, monte par pieds isolés jusqu’à 1,800 mètres et s’étend à l’ouest jusqu’aux pays basques. Il s’élève ainsi par degrés du nord au sud de l’Europe et semble compris en chaque région entre des altitudes extrêmes différant de 600 mètres environ. Dans son ensemble, l’aire d’habitation de ce pin présente comme une vaste ellipse ayant son centre en Russie, le grand axe passant par Berlin et Moscou, le petit axe s’étendant de la Laponie russe à la Mer-Noire. Cet arbre reste confiné d’ailleurs dans les terrains pauvres, et il affectionne spécialement les sables siliceux.

Dans un tel milieu, les conditions de la végétation sont difficiles, et il est peu d’essences forestières qui s’en accommodent. Aussi la forêt de pin sylvestre est-elle ordinairement simple et pauvre. Pure de toute autre essence, la pineraie du nord, le bör des plaines russes, étonne par son aspect particulier. En massif clair et diffus, elle est ouverte de toutes parts à la lumière; le sol, aride ou tourbeux, n’est couvert que d’aiguilles mortes ou bien envahi par des airelles, des bruyères et de longues herbes aux tiges grêles et dressées. Plus au sud, les pins sylvestres sont souvent mélangés de