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publique sur les bienfaits que les enfans malades pourraient recueillir d’un traitement continu au bord de la mer. On sait[1] que les enfans abandonnés sont confiés par l’Assistance publique à des familles de nourriciers qui les élèvent à la campagne. Les rapports d’un des médecins inspecteurs de l’Assistance publique, le docteur Perrochaud, avaient signalé l’amélioration qu’avaient éprouvée dans leur santé certains pupilles de l’Assistance publique atteints de scrofules qui avaient été placés par elle sur le littoral du Pas-de-Calais, entre autres dans la petite commune de Groffliers. Bien que la situation de cette commune fût peu favorable et que son éloignement de la mer contraignit d’amener les enfans en brouette deux fois par jour sur la plage, les bons effets de ce séjour se faisaient immédiatement sentir chez les petits scrofuleux, et les premiers symptômes de leur mal ne tardaient pas à disparaître. On résolut de tenter l’expérience dans des conditions encore très modestes, mais plus favorables. Sur la plage immense du petit hameau de Berck vivait, dans une cabane solitaire, une femme, venue on ne savait trop d’où, et à laquelle on n’avait jamais connu ni mari, ni enfans, ni famille. Aussi l’appelait-on Marianne-toute-seule. Malgré son isolement, Marianne n’était pas devenue sauvage ; elle aimait les enfans et s’employait volontiers à garder ceux des pêcheurs pendant que les pères étaient au large et que les mères ramassaient des crevettes sur la plage. Aussi l’idée vint-elle de la mettre à la tête d’une sorte de pensionnat, composé d’une douzaine d’enfans malades. L’expérience réussit tellement qu’on résolut de l’entreprendre sur un plus grand pied. Sur un relais de mer de 3 hectares, acheté à l’état, l’administration de l’Assistance publique construisit un hôpital provisoire en charpente à double cloison, auquel des enduits intérieurs au mortier de chaux, des couvertures en ardoise et des peintures de bonne qualité donnèrent un confortable plus que suffisant. L’hôpital, destiné à recevoir 100 enfans des deux sexes, fut commencé en février 1861 et inauguré en juillet. La construction avait demandé quatre mois, et coûté, terrain et mobilier compris, 102,118 francs. Les résultats obtenus dans cet hôpital et relevés dans le rapport d’un éminent praticien des hôpitaux de Paris, M. le docteur Bergeron, furent tellement satisfaisans que six ans après des ordres étaient donnés pour construire sur une beaucoup plus grande échelle un hôpital définitif destiné a recevoir près de 600 enfans. En s’en tenant à ce procédé simple, économique, mais très suffisamment solide de construction, on aurait pu pour une somme de 500,000 à 600,000 francs suffire à toutes les exigences de l’installation nouvelle. Mais ces façons modestes ne conviennent pas à

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.