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faisaient depuis longtemps, ce qu’à l’époque du siège de Paris a fait silencieusement pour des blessés qui n’étaient pas ses compatriotes une jeune femme, une Genevoise, dont la mémoire mérite de vivre dans tous les cœurs français, Mlle Hélène Vernet ; c’est d’avoir eu le courage de proclamer l’infériorité de son propre pays sur un point capital de l’organisation hospitalière et d’avoir adressé à l’opinion publique un appel qui n’est pas demeuré stérile. Sur le produit des sommes versées entre ses mains et réunies sous le nom de fonds Nightingale, on a pu établir à l’hôpital Saint-Thomas une école pour l’éducation professionnelle des gardes-malades. Des médecins éminens ne dédaignent pas d’adresser aux élèves de cette école des cours où ils leur inculquent, avec des préceptes d’hygiène et de médecine pratique, quelques notions élémentaires de chimie et de physiologie. C’est là une institution excellente que nous aurions grand avantage à emprunter à nos voisins. Il serait facile d’établir dans nos hôpitaux des cours semblables qui seraient suivis par les sœurs de l’hôpital et auxquels les communautés religieuses auraient le droit d’envoyer des élèves. On hausserait ainsi le niveau des connaissances théoriques chez le personnel si dévoué des hôpitaux, et nos sœurs n’auraient rien à envier sous ce rapport aux élèves de l’école de Saint-Thomas. Les élèves de cette école auxquelles on délivre une sorte de brevet sont ensuite réparties entre les principaux hôpitaux non-seulement de Londres, mais du royaume-uni, où, sous le nom de head-nurses ou de sisters (sans que ce nom implique aucun caractère religieux), on leur confie la direction et la responsabilité d’une salle. Elles sont assistées pour la portion médicale du service par des nurses qu’elles forment à leur tour et par des scrubbers qui font le gros ouvrage. Cette fondation a donné d’assez bons résultats pour que d’autres institutions se soient établies ou transformées d’après ce modèle : c’est ainsi que the British nursing Association, qui compte 60 membres, et the Bible Women Association envoient leurs élèves, la première au Royal free hospital, la seconde à l’hôpital de Guy, et à celui de Queen Charlotte. Une association importante qui vient de se former sous le nom de Metropolitan and national nursing Association et qui se propose d’entreprendre le soin des pauvres à domicile envoie ses élèves à l’hôpital de Westminster. On en pourrait encore citer d’autres, et il est juste de reconnaître que le personnel des gardes-malades dans les hôpitaux a fait depuis quelques années en Angleterre de sérieux progrès.

Ces progrès tiennent encore à une autre cause : à la fondation, au sein de l’église anglicane, de véritables congrégations religieuses qui s’adonnent aux soins des malades. C’est un fait curieux à noter dans l’état moral de l’Europe, que, tandis que les communautés