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couvrait probablement les yeux, ou qui tenait lieu du masque d’or réservé aux riches dans d’autres contrées.

Pour la Perse, les croyances religieuses, très singulières en ce qui touche les morts, expliquent le peu de développement du luxe funéraire. Le caractère élevé et spiritualiste de la religion iranienne, l’idée très accusée qu’on y rencontre de la personnalité humaine, feraient, de prime abord, préjuger le contraire ; mais les prescriptions spéciales du Zend-Avesta, inspirées peut-être autant par une hygiène bien ou mal entendue que par des considérations d’ordre surnaturel, interdisent de souiller la terre en y déposant des corps, comme de se couvrir soi-même la tête de cendre en poussant des lamentations. Toucher seulement un cadavre est un crime passible de cinq cents coups de courroie. Les corps sont ou enduits de cire et enterrés, l’enduit passant pour empêcher la souillure, ou plus souvent portés sur les lieux élevés, livrés aux oiseaux de proie, desséchés par le soleil et par le vent. Quand la tombe les reçoit, elle est isolée ; il n’y a pas de champ commun pour les trépassés : pourtant on signale aussi de grandes tours rondes pour commune sépulture. Même les chambres sépulcrales de Persépolis sont peu décorées. Le problématique tombeau de Cyrus, décrit par Strabon, aurait fait exception à cette simplicité, malgré le témoignage contraire de Quinte-Curce. Ouvert par Alexandre, il aurait présenté une sorte de chapelle, un lit d’or, une table garnie de vases à boire, un cercueil d’or, des habillemens en quantité, des bijoux enrichis de pierres précieuses, et 3,000 talens. On ne peut rien conclure de cette exception, fort hypothétique d’ailleurs.

Les fouilles faites en Asie-Mineure ont confirmé ce que nous savions de l’importance accordée aux sépultures par ces groupes de populations, en rapport successivement ou d’une façon simultanée avec les groupes orientaux et le monde hellénique. Nous attendrons, pour en parler, une confirmation plus entière des découvertes de M. le docteur Schliemann, qui aurait trouvé, par une double chance trop grande pour ne pas sembler un peu suspecte, ni plus ni moins que les ruines du palais de Priam à Troie, et le corps d’Agamemnon en personne sur le territoire de Mycènes. On serait ravi que ces deux trouvailles sans pareilles fussent authentiques l’une et l’autre ; mais on peut se contenter, en attendant, de quelques résultats importans. C’est ainsi que l’emplacement des tombeaux des rois de Lydie, sur les bords du lac Coloë, ancien lac Gygée, indiqué par Strabon, a été vérifié par les voyageurs modernes. Un érudit, M. Choisy, visitait en 1875 plusieurs de ces tombes déblayées. Il en décrit les chambres sépulcrales ; il en explique aussi la construction difficile, il signale les trésors comme les emblèmes qui s’y rencontraient ou qui subsistent