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dans la « Salle judaïque. » Que dans tel sépulcre qu’on prétend attribuer nommément à tel ou tel roi, il se rencontre des sculptures de guirlandes et de rameaux qui représentent des feuilles de chêne, des pampres, des fruits, des branches d’olivier ; que dans un autre, qui serait celui de la reine Sadda, on ait retrouvé, au milieu de la poussière des ossemens du squelette bien conservé qui tombe en poudre une fois exposé à l’air, des fragmens d’étoffes tissées d’or, de tels faits n’infirment pas ce résultat : ce qu’on peut nommer faste funéraire n’existe pas dans les sépultures hébraïques. Or ici encore il est facile de reconnaître que la cause en est toute religieuse. Dieu, dans la Bible, interdit toute représentation figurées. Tacite indique cette absence de faste funéraire des Juifs en des termes dont on ne peut contester la portée philosophique non plus que l’expressive énergie : « Les Juifs ne conçoivent Dieu que par la pensée et n’en reconnaissent qu’un seul. Ils traitent d’impies ceux qui, avec des matières périssables, se fabriquent des dieux à la ressemblance de l’homme. Le leur est le Dieu suprême, éternel, qui n’est sujet ni aux changemens, ni à la destruction. Aussi ne souffrent-ils aucune effigie dans leurs villes, encore moins dans leurs temples. Point de statues, ni pour flatter leurs rois, ni pour honorer les césars. » Les tombeaux devaient suivre la même destinée. Toute image, tout ce qui pourrait sentir ou ramener l’idolâtrie en est sévèrement banni. Le faste se porte uniquement sur la magnificence des obsèques, auxquelles ils attachent un grand prix, et dont la privation est considérée comme une malédiction divine, pour les rois en particulier. Enfoncés dans le roc, ou déposés dans des champs funéraires, les cercueils ne sont pas surmontés par ces décorations et ces emblèmes qui auraient pu nous apprendre avec un peu plus de précision quelles images les Juifs se élisaient d’une existence future. Il est certain que cette idée, d’abord rarement et peut-être peu nettement accusée dans la Bible, avait pris une grande force avec le temps et qu’elle était chez les Juifs inséparable de la foi dans la résurrection. Ainsi s’explique le soin de préserver les corps des causes de destruction. Si on embaume les riches dans la myrrhe, l’aloès et divers aromates précieux, les cadavres des pauvres sont pénétrés d’une sorte de bitume qu’on trouvait en abondance dans le pays. Ce n’est donc qu’à titre tout à fait exceptionnel qu’on cite des cas de faste funéraire pour les tombeaux, par exemple le magnifique monument élevé à David par Salomon, rempli de richesses immenses, qui, treize cents ans après, permirent au pontife Hircan, selon le rapport de Josèphe, d’en tirer trois mille talens pour payer rançon au roi Antiochus, et plus tard au roi Hérode d’y trouver aussi de grandes valeurs. Mais qu’est un tel édifice, sinon l’œuvre d’une royauté tout orientale ? qui sait même si