Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/958

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais ce n’est là encore que la météorologie pure, et pour épuiser le programme que s’est tracé Montsouris, il faut y ajouter la météorologie appliquée à l’agriculture et à l’hygiène. Nulle part en effet la nécessité d’ouvrir des voies nouvelles n’a été mieux comprise qu’à Montsouris, dont l’intelligente initiative de M. Marié-Davy a réussi à faire un établissement modèle. On va en juger par l’énumération des divers travaux qui s’y poursuivent déjà en dehors de la besogne traditionnelle, ou qu’on se propose du moins d’aborder aussitôt que les instrumens nécessaires auront été construits et les différens services complètement organisés.

L’objet propre de la météorologie agricole est évidemment de déterminer l’influence que les diverses conditions climatériques exercent sur la végétation. Nous savons que la chaleur, la lumière et l’eau sont indispensables à la plante; mais il s’agit de définir le rôle exact que chacun de ces élémens pris individuellement joue dans le développement de chaque plante, à chacune des phases de sa végétation et dans la formation des divers principes organiques, — ligneux, amidon, gluten, sucre, essences, etc., — qu’elle nous doit fournir. Que de problèmes dans ce simple énoncé du but qu’on se propose! Pour les résoudre, bien des recherches de détail seront nécessaires. Pour le moment, la météorologie agricole comprend, à Montsouris, l’observation des phases de la végétation, — l’analyse chimique de quelques plantes, périodiquement reprise afin de comparer la marche de la végétation avec les données climatériques de l’année, — enfin l’analyse de l’air et des pluies au point de vue des produits que cet air et ces pluies peuvent fournir à la végétation.

L’oxygène et l’azote (dans la proportion de 21 et de 79 centièmes respectivement), voilà les élémens réguliers de l’air, auxquels il convient D’ajouter encore la vapeur d’eau, en proportion variable, qui est accusée par les hygromètres. Mais il ne paraît pas que l’azote libre puisse être assimilé par les plantes : il faut qu’il leur soit offert à l’état de combinaison, comme dans les engrais. Eh bien, l’air renferme le plus souvent quelques combinaisons azotées; ce sont l’ammoniaque et les composés oxygénés de l’azote : l’acide nitrique et l’acide nitreux. L’origine de ces trois substances, dont on ne rencontre d’ailleurs dans l’air que de faibles traces, est encore controversée. D’après les recherches de M. Schlœsing, l’ammoniaque de l’air vient non du sol, mais de la mer. Les traces d’acide nitrique ou nitreux seraient dues, selon M. Thénard, à l’action des effluves électriques qui traversent l’air d’une manière continue ou sous formes d’étincelles. Quoi qu’il en soit, l’analyse chimique de l’air et des eaux météoriques y fait généralement découvrir une certaine proportion de ces engrais naturels que l’atmosphère fournit au sol. Le dosage de ces diverses combinaisons de l’azote qui se forment dans l’air est donc un des problèmes les plus importans qu’ait à résoudre la météorologie