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donc obligatoirement dans ces examens : 1er une partie invariable imposée à tous; 2° une partie variable comprenant deux cours laissés au choix de l’étudiant. Non-seulement l’élève en droit pourrait se faire interroger sur certaines parties accessoires du droit, mais même il pourrait faire porter les questions sur un cours de la faculté des lettres ou des sciences. Toutefois, pour prévenir des choix peu judicieux ou d’une utilité trop lointaine, l’autorité universitaire publierait tous les ans une liste des cours pouvant servir à la partie variable de chaque examen. Non-seulement les cours des docteurs libres auraient le droit de figurer sur cette liste, mais à Paris certains cours professés en dehors de l’université, comme les leçons du Collège de France, de l’École des chartes, de l’École des hautes études, de l’École des mines, pourraient y être inscrits, et les professeurs seraient appelés à faire partie du jury d’examen. On aperçoit sans peine les avantages de cette disposition, qui procurerait une utilité immédiate à une quantité de cours qui aujourd’hui sont en l’air, qui permettrait aux différentes facultés de contracter entre elles une union plus intime, et qui apporterait dans les études des élèves une variété profitable à tout le monde. « Quel mal y aurait-il à ce qu’un aspirant à la licence ès-sciences naturelles suivît à l’École de médecine un cours de pathologie ou de micrographie, — à ce qu’un étudiant en droit suivît à sa faculté le cours d’un privat-docent sur le droit canonique, ou au Collège de France le cours de M. de Rozière? — D’autres lois le droit sera combiné avec la partie correspondante de la médecine, ou la médecine avec certaines sciences. Au lieu de types d’instruction fermés et invariables, on commencera à avoir des types multiples créés au gré des aptitudes individuelles, devinés et composés par l’instinct des vocations. » Même les écoles fermées, comme l’École normale, l’École polytechnique, se trouveraient peu à peu conduites à entr’ouvrir leurs portes, à laisser entrer les élèves du dehors, et leurs professeurs auraient occasion de se mêler aux autres. C’est seulement à la condition de ne laisser en dehors d’elle aucune force vive que la future université de Paris répondra aux grandes espérances qu’un tel corps est en droit de faire concevoir. Enfin nos facultés des sciences et des lettres donneront peu à peu l’hospitalité à des cours pour lesquels jusqu’à présent elles n’avaient point de place, et qui cependant sont contenus en Allemagne dans le cadre élastique de la faculté de philosophie. Comme le propose déjà M. Ernest Dubois, les diplômes obtenus par le candidat diront de quelles connaissances spéciales il a fait preuve dans la partie variable des examens.

M. Boutmy fait observer que sa proposition ne change rien aux