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LA REORGANISATION
DE
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

« La question de l’enseignement a rarement été mise à l’ordre du jour de l’opinion pour elle-même, » dit un ancien professeur de la faculté de médecine de Strasbourg, M. Charles Schützenberger, en rééditant après six ans la brochure qu’il avait publiée au commencement de 1870 sur la Réforme de l’enseignement supérieur. Alors aussi on parlait de relever les hautes études : une commission avait été assemblée pour préparer un projet de loi ; mais à peine avait-elle commencé ses discussions, qu’il n’y fut plus parlé d’autre chose que du droit de conférer les grades. Quelques voix, comme celle de M. Renan, comme celle de M. Gaston Boissier, furent seules à protester contre le tour que prenaient les débats, et à rappeler que les facultés existent pour les études au moins autant que pour les diplômes. Bientôt le bruit de la guerre couvrit ces controverses ; mais on avait eu un avant-goût de ce que nous devions entendre cinq ans plus tard : la loi de la liberté de l’enseignement supérieur a fait reparaître les mêmes revendications, et elle nous a dotés d’institutions qui ne contribuent en rien à relever le niveau de la science. « La vérité est qu’en fait de réforme de l’enseignement supérieur, la France d’aujourd’hui, en 1876, a des universités catholiques de plus, et que rien du reste n’est changé dans l’ancien ordre universitaire... Je ne suis plus, ajoute le même écrivain, qu’un exilé dans ma patrie restreinte, et je ne veux pas mêler ma voix à la lutte des partis qui s’agitent en France; mais il me paraît impossible que le corps universitaire ne s’éveille pas de sa torpeur,