Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/449

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le développement de la périodicité et des publications collectives n’arrête en rien l’essor des travaux individuels qui paraissent isolément en volumes, et ici encore nous sommes en présence d’une production incessante. Parmi les ouvrages généraux, nous trouvons l’Histoire de France de M. Dareste, livre exact, très au courant des recherches nouvelles, et où l’auteur se garde bien, ce qui est un mérite assez rare pour être signalé, de substituer, comme Michelet, ses impressions personnelles à la réalité des faits, et de juger le moyen âge au point de vue des idées modernes, ce qui le rend complètement inintelligible. M. Guizot, arrivé à l’extrême limite de la vie, nous a laissé pour adieux un livre simple et grand, où éclate, pour nous servir d’un mot qui lui était familier, la puissance de généralisation qui faisait dire à M. Cousin : « Guizot est le fils de Montesquieu, entre les deux il n’y a personne. » Nous citons ces paroles pour les avoir entendues de la bouche même de M. Cousin.

Si complets que soient les ouvrages généraux, ils laissent nécessairement dans l’ombre des questions importantes, ou n’y touchent qu’en passant; il faut les compléter, les suppléer par des monographies; elles n’ont point fait défaut. Les sujets en sont généralement importans. M. Deloche s’est chargé de la cour des Mérovingiens, de la trustis et de l’antrustionat, qui nous reportent aux origines de la monarchie, et font voir que chez nous les courtisans sont aussi vieux que le royaume. M. Fustel de Coulanges a choisi les anciennes institutions politiques de la France; M. Perrens, l’église et l’état sous Henri IV; M. Coquille, la royauté; M. Clamageran, les impôts à partir de l’époque romaine; M. Henri Doniol, la féodalité dans ses rapports avec la révolution; M. Picot, les états-généraux; M. Taine, les origines de la société française. Un examen détaillé de ces diverses publications donnerait lieu à plus d’une remarque intéressante. On aurait à féliciter M. Picot d’avoir, pour la première fois, établi, dans des tableaux comparatifs, la référence des articles des cahiers avec les articles des ordonnances, et montré par là tout