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nous étonnent par leur grandeur, et que nous pouvons revendiquer comme notre domaine, car c’est un de nos consuls, M. Botta, qui a retrouvé Ninive et le palais de Nabuchodonosor ; c’est un de nos ministres, M. Waddington, qui a séjourné, le premier de tous les Européens, sur les ruines de Palmyre.

Comme au temps des croisades, nous rencontrons les Francs dans la terre-sainte. Depuis vingt ans, MM. de Saulcy, Rey, de Luynes, de Vogué, Waddington, Renan, d’Eichthal, s’y sont rendus en pèlerinage archéologique ; aujourd’hui M. Victor Guérin la visite de nouveau et il fait plus à lui seul, avec des ressources minimes, que la société anglaise Exploration found avec les 100,000 francs qu’elle dépense chaque année. M. Guérin a découvert le tombeau des Machabées ; il a relevé plus de cent localités qui ne figurent sur aucune carte, et la sûreté de ses investigations fait espérer que nous aurons enfin la géographie exacte et complète des terres bibliques. Le chancelier du consulat de Jérusalem, M. Ganneau, nous a fait connaître la stèle moabite de Mésa, et c’est là sans contredit l’une des révélations les plus importantes de ces dernières années. On avait cru jusqu’à présent que Moïse, David et les autres élus du peuple juif avaient été seuls en communication directe avec Jéhovah ; mais la stèle nous apprend que le roi Camosch était exactement dans les mêmes termes avec le dieu de Moab. Il le considérait, ainsi que le dit M. Renan, comme un protecteur obligé de le faire réussir dans toutes ses entreprises, et la simple constatation de ce fait donne à réfléchir aux personnes qui s’occupent d’exégèse. Cette science se vulgarise chaque jour ; les origines du christianisme, la confirmation ou la contradiction des Écritures par la géographie, la chronologie, l’histoire des populations primitives de la Judée, attirent les croyans et les sceptiques, les chrétiens et les juifs. Paris possède un journal hébreu, le Liban, publié par un savant Israélite, M. Brill, auteur d’un petit livre, Yên Lebanon, où il s’attache à justifier Adam et à prouver contre le dogme chrétien du péché originel que nos premiers pères n’ont jamais reçu ni transgressé un ordre de Dieu, et que tout le récit contenu dans le troisième chapitre de la Genèse doit être pris dans un sens allégorique. Nous avons aussi le Mythe de la femme et du serpent, et tout cela donne encore à réfléchir.

Si nous passons de la terre de David à la terre des pharaons, nous y retrouvons la science française, et l’on peut dire qu’elle y règne en souveraine. L’école égyptienne recrute chaque jour de nouveaux disciples, et Mariette-Bey arrache chaque jour de nouveaux secrets aux lèvres muettes des sphinx. Le grand explorateur, comme l’appellent les orientalistes, continue de réunir dans le musée