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qu’on ne fît point de levées au nord de la Loire, « où toutes choses devraient être tranquilles. Vos subjects de la religion y sont traités diversement, ainsi qu’il se voit par le meurtre commis à Vitri en la personne de l’un des ministres, et en plusieurs autres endroitz, ils ont des empêchemens notables en la jouissance de vos éditz. »

Il supplie qu’on « les laisse vivre en la liberté de conscience. » Il craint qu’on ne veuille entreprendre sur Sedan, sans le consentement du roi, et parle de « la jalousie qu’il a de cette place, » Pour Négrepelisse, il ajoute : « J’avoy aussi par ma précédente dépêche supplié votre majesté que je pusse remettre ce misérable lieu entre mes mains, pour lui en rendre toute l’obéissance que je lui doibz, et de me donner quelques hommes pour garder le chasteau, afin qu’il ne défaillît rien aux commandemens qu’il plairoit à vostre majesté me faire; sur cela, on me fait cognoistre que vostre majesté vouloit châtier les habitans de cette terre, lesquels ne voulons excuser, j’oseray pourtant dire à vostre majesté qu’il me semble que les grandes rigueurs et cruautéz, lesquelles, comme je croy, ont été exposées sous le sceu de vostre majesté et contre son intention, par la garnison qui avoit été mise pour son service en ce lieu là, les auroit mis au désespoir et porté à la dernière action que vostre majesté s’est irritée contre eux» et si auparavant il lui pleut de me faire remettre cette place, je lui en eusse rendu meilleur compte que ceux à qui elle fut commise. »

Ses inquiétudes sur Sedan avaient été très vives : les bandes allemandes l’avaient plutôt effrayé que rassuré. Pendant le siège de Montpellier, il écrivait au roi la lettre suivante, en réponse à des observations qui lui étaient faites sur le gros canon de Mansfeld, laissé à Sedan :


« Sire,

« J’ay receu tout présentement une lettre de vostre majesté du camp devant Montpellier du 14 septembre, avec une lettre du comte de Mansfeld, sur laquelle ne me fondant d’autant que ledit comte ne sçauroit faire paroistre qu’il m’aye rien laissé ny de canons ny défenses; néant-moins, sans mettre en avant sa fraude, je n’eusse failly de délivrer et les uns et les autres à un gentilhomme de M. de Nevers, qui m’a baillé les lettres de vostre majesté; mais pour le regard des pièces, le roy de Bohême lui fait entendre comme elles n’ont jamais esté au comte de Mansfeld, mais à luy; et son intention de les faire reconduire d’icy en ses païs; et pour les tentes qui se sont trouvées dans un fossé où elles ont esté déschargées sans que j’aye sceu par qui, ny à qui elles appartiennent, je les fay délivrer. Je désirerois qu’il y en eust davantage pour tourner à quelque utilité au service de vostre majesté, laquelle ne m’imputera