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Nous le voyons en correspondance avec un M. Levasseur, « qui, écrit-il à Rucellai, a un département au régiment des gardes. » Il a été informé, écrit-il à M. Levasseur (25 avril 1621), que M. le comte de Soissons est mécontent et projette de venir à Sedan. Il n’a lui-même aucune nouvelle du comte et ne pourrait fermer les portes d’une de ses places à un prince du sang, sans le commandement exprès du roi. Il se plaint de la manière dont on le traite. « J’ay par cy devant souvent protesté, comme je fay maintenant, n’y avoir nulle chose à mes actions fussent si fortement attachées qu’à servir le roy et la France et à désirer la jouissance de ma religion; ce que je proteste encore de nouveau, le faisant toutefois avec du dégoût pour la façon dont on me demande cela, qui me fait voir qu’on méjuge subject à corruption, que l’avarice ou l’incommodité de mes affaires, pour l’accommodement qu’on m’y promet, seroit la cause pour laquelle je satisferoy à ces miens devoirs, auxquels la qualité de ma naissance et estre vray Français comme je suis m’y obligent étroitement. »

Les avances de la cour étaient sans doute bien grossières, car il insiste : « Tant qu’on estimera que le plus ou le moyns de bienfaitz me facent advancer ou départir de mon devoir, on se trompera; mon honneur et ma parole devant servir de veuë à quiconque voudra juger de l’advenir de mes actions. Ainsi dites à M. de Seau (?) qu’il peut assurer le roy de mon service entier qui sera rendu agréablement quand je verray qu’on l’estime estre faict par un vray devoir et non par une apparente corruption. » (25 avril 1621.) Quelques mois après, il écrit encore au roi lui-même, et il faut citer encore cette lettre éloquente et politique :


« Sire,

« J’ay pensé estre obligé de donner advis à vostre majesté que depuis la publication de sa déclaration du 27 du mois passé, plusieurs de ses subjetz, faisans profession de la religion, de toutes conditions, se sont retirez en ce lieu avec leurs familles, par la crainte qu’ils ont de ne pouvoir désormais demeurer en seureté en leurs maisons, n’y continuer avec liberté l’exercice de leur religion, dont voici les raisons qu’ils m’en ont représentées; assavoir que ceux qui ont en haine leur religion et ont conjuré leur ruine se sont servis du mescontentement de vostre majesté contre l’assemblée de La Rochelle, pour exciter son indignation, non seulement contre les particuliers députez en icelle, mais aussy en général contre tous ceux de ladicte religion; ce qui a causé depuis quelque temps les appréhensions et deffances qui ont esté presque universelles entre vos diz subjetz, jusques à ce que vostre majesté, par sa déclaration du 24 avril, fet cognoistre que son intention estoit de maintenir