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soient, au lavoir, à aider à la lessive du linge ou autres mundations de choses ; que soit mesme à porter les charges des draps, linges, boys ou autres choses, » La nécessité triompha de cette défense, et les infirmiers ou infirmières laïques ne tardèrent pas à reparaître dans les hôpitaux. On les trouve partout aujourd’hui. Chaque salle de trente ou quarante lits compte une ou deux sœurs, assistées de trois ou quatre infirmières, suivant le nombre de lits qu’elle contient, à raison en moyenne d’une infirmière par dix lits. La répartition de la besogne entre les sœurs et les infirmières s’opère tout naturellement et par la force des choses : aux infirmières, qui sortent des classes les plus humbles de la société, revient tout ce qui est gros ouvrage et soins de propreté, tant des objets que des malades, en un mot, toute la partie du service qui exige plus de vigueur et de rusticité que d’intelligence. La sœur dirige, surveille, et demeure responsable de l’exécution vis-à-vis du directeur. Il en est de même de ce qu’on pourrait appeler la partie médicale du service. La sœur accompagne le médecin dans sa visite du matin, et l’interne dans sa visite du soir. Elle rend compte à l’un et à l’autre des changemens qui ont pu survenir dans l’état du malade ; elle doit faire appeler l’interne de garde, si quelque aggravation dans l’état d’un enfant survient pendant la journée ou pendant la nuit, responsabilité qui suppose un certain degré de connaissance médicale. Elle doit également veiller à ce que les remèdes ou potions prescrits par le médecin à sa visite du matin soient exactement administrés pendant la journée. Quant au service souvent malsain et rebutant des pansemens, la sœur ne peut pas plus faire elle-même tous les pansemens d’une salle de 40 enfans qu’elle ne peut frotter tous les parquets et tenir en état de propreté tous les lits. Ce sont donc les infirmières, dont chacune a la charge spéciale d’un certain nombre de lits, qui en font encore la majeure partie. Ici la sœur met souvent la main à l’œuvre, avec plus ou moins de zèle, suivant son caractère, avec plus ou moins d’habileté, suivant son degré d’expérience, mais c’est encore elle qui est responsable, et c’est à elle que le chef de service s’en prendra si les pansemens ont été mal faits ou s’ils n’ont pas été renouvelés. En un mot, son service est plus un service de surveillance qu’un service d’exécution ; elle remplit en quelque sorte les fonctions de garde-malade en chef, et son rôle correspond à peu près à celui des femmes qu’on appelle, dans les hôpitaux anglais, head-nurses.

Ce rôle bien défini, voyons comment il est rempli par les différentes communautés religieuses qui font le service des hôpitaux de Paris. J’ai cherché à m’en rendre compte par moi-même en dehors de tout parti-pris, par mes questions, par mes visites, par mes observations personnelles. Le service des hôpitaux d’enfans à Paris