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enfans ensemble[1], pour se rendre compte des déplorables conditions hygiéniques où se trouve un enfant atteint d’une maladie aiguë ou d’une affection chronique dont la misère a été parfois le germe. En second lieu, il faut considérer que, si au point de vue du dévoûment, les soins d’une mère ne laissent généralement rien à désirer, il n’en est pas toujours de même au point de vue de l’intelligence, et que d’ailleurs beaucoup d’entre elles, femmes de journée, ouvrières de fabrique, etc., seraient obligées de laisser le petit malade à domicile en le confiant aux soins d’un frère ou d’une sœur plus âgés. Enfin la nécessité d’amener fréquemment l’enfant à la consultation est une difficulté presque insurmontable pour des parens qui vivent de leur travail et dont le temps est vraiment de l’argent. Quels que puissent donc être les avantages théoriques de l’assistance à domicile, il est chimérique d’espérer que le traitement externe des enfans puisse recevoir une extension beaucoup plus grande que celle qu’il a reçue jusqu’à présent. Le nombre des consultations données aux malades du traitement externe s’est élevé, en 1874, à 76,893, dont 37,123 à l’hôpital des Enfans-Malades, et 39,770 à l’hôpital Sainte-Eugénie. À ce chiffre, il faut ajouter, en cette même année, celui des consultations données à l’hôpital Saint-Louis à des enfans atteints de maladies de la peau, qui s’élève à plus de 5,000. Le traitement externe est donc largement organisé pour les enfans, et il ne faudrait pas vouloir à toute force et par système conserver au traitement externe des affections qui ne peuvent espérer de guérison que par le traitement interne.

Ajoutons, à titre de renseignemens, que l’admission au traitement externe n’emporte pas de plein droit la délivrance gratuite des médicamens. Pour obtenir le traitement gratuit, il faut être inscrit sur la liste d’admission au traitement à domicile, qui, en 1874, comprenait 73,490 personnes. L’inscription sur cette liste ne s’obtient qu’après visite et contrôle des employés de l’Assistance publique, et demeure la condition nécessaire de la délivrance gratuite des médicamens à la maison de secours, sinon les parens de l’enfant ne jouissent de la gratuité qu’en ce qui concerne la consultation et les bains, et ils doivent se procurer à leurs frais les médicamens.

Parmi les affections qui déterminent le plus souvent l’admission au traitement externe figurent les maladies de la peau, et en particulier la gale et la teigne. Si peu attrayant que soit le sujet, il est nécessaire de s’y arrêter un instant, si l’on veut avoir contemplé

  1. D’après un recensement fait par l’Assistance publique, il y aurait environ 26,000 logemens se composant d’une seule pièce, et 9,000 où il n’y avait que deux lits, l’un pour les parens et l’autre pour les enfans.