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or en France les trains comprennent d’ordinaire un nombre de voitures beaucoup plus grand. Il faudrait donc en tout cas recourir à une chaudière spéciale, placée au milieu des trains, qui permettrait de chauffer vingt-quatre voitures. Ensuite il est rare que les appareils de réglage fonctionnent d’une manière irréprochable, et alors il arrive que dans un compartiment on étouffe, tandis que dans d’autres on est gelé. Enfin les appareils à vapeur sont sujets à une foule d’accidens qui peuvent résulter de fuites, de la congélation de l’eau qui se condense dans les tuyaux, etc., et la présence d’une chaudière au milieu du train augmente les risques d’explosion. Ajoutons que les frais de premier établissement seraient considérables, et dépasseraient, pour nos six grands réseaux, 14 millions 1/2, après quoi la dépense annuelle serait encore de de 7 millions 1/2.

Les autres systèmes sont moins coûteux à établir. Pour le chauffage au moyen de briquettes par exemple, la dépense de première installation ne serait que de 9 millions 1/2 ; mais ce système entraînerait une dépense annuelle de 10 millions. Voici d’ailleurs le tableau comparatif des frais d’établissement et d’entretien des principaux systèmes essayés, ainsi que le prix de revient du chauffage par voyageur transporté à 100. kilomètres.

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DÉPENSES PRIX de revient
de 1er établissement. annuelles.
Briquettes 9,400,000 fr. 10,200,000 fr. 51 cent.
Chauffage à la vapeur 14,360,000 7,500,000 38 —
Calorifères 11, 200,000 5,400,000 27 —
Circulation d’eau chaude 9,000,000 5,300,000 27 —
Bouillottes mobiles 4,100,000 3,500,000 18 —
Poêles (3e seulement) 1,600,000 1,400,000 14 —

Sans parler de son prix élevé, de chauffage à l’aide du combustible aggloméré entraîne des risques d’incendie ; en outre l’effet calorifique de ces boîtes à feu diminue rapidement à mesure que s’épaissit la couche de cendre. L’air chaud que fournissent les calorifères monte au plafond, de sorte que les pieds des voyageurs sont plus froids que la tête : c’est un mode de chauffage apoplectique. En outre cet air entraîne une certaine quantité de gaz de la combustion qui causent des migraines. Puis l’air, en raison de sa faible capacité :calorifique, est essentiellement impropre à retenir la chaleur ; une voiture remplie d’air chaud ne renferme en réalité qu’une provision insignifiante de calorique qui disparaît aussitôt qu’on ouvre les glaces ou les portières. Toutes les tentatives qu’on a faites pour emmagasiner une partie de cette chaleur dans des réservoirs d’air chaud occupant le bas de la voiture ou dans des chaufferettes remplies d’eau ou de sable et placées sur le trajet des