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fêtes, et partout on les accueille avec beaucoup de bonne grâce. Les usines, les établissemens publics leur sont ouverts, et des billets de chemins de fer accordés partout gratuitement. Du 22 au 28 juin dernier, l’Institut américain des ingénieurs des mines a promené ses hôtes nombreux, sur la Delaware et dans toute la Pensylvanie ; une autre fois le chemin de fer Pensylvania a offert sur un train spécial à tous les jurés et à tous ceux qui étaient recommandés par eux une promenade circulaire d’une semaine de Philadelphie aux Alleghanys, Pittsburg, le district du pétrole, Cleveland, le lac Érié, les chutes du Niagara, le fleuve de l’Hudson, New-York. Aucune dépense pour les invités, ils ont été défrayés de tout.

L’empereur du Brésil a été l’un des hôtes les plus acclamés du centenaire. Il a consacré plusieurs journées à la visite de l’exposition. Il a mis à cette étude le soin patient, minutieux, qu’il apporte dans toutes ses explorations, et il l’a fait avec profit, car aucune des connaissances humaines ne lui est étrangère, et nul n’a visité aussi bien, aussi complètement que lui les États-Unis. D’un océan à l’autre et du golfe du Mexique au fleuve Saint-Laurent, il a voulu tout voir, tout comprendre. Rompu à la fatigue, il a pu lasser ceux qui le suivaient, il ne s’est jamais lassé lui-même, et n’est parti pour l’Europe, où il voyage en ce moment, que lorsqu’il a eu tout examiné, tout comparé d’un bout à l’autre de l’Amérique du Nord. D’humeur égale, accommodant, accessible à tous, fuyant tout apparat, toute étiquette, plus simple encore qu’un président de république, il a fait sa société habituelle des hommes d’étude qu’il voulait consulter, avec lesquels il aimait à causer, et l’on gardera longtemps, dans tous les lieux, où il a passé aux États-Unis, le souvenir de ses réceptions qu’il se plaisait à appeler scientifiques.

Est-il besoin de le dire ? l’exposition universelle, le centenaire américain, ont été pour toutes les villes l’occasion de fêtes brillantes, surtout à Philadelphie et à New-York. Les Américains ont toujours aimé la montre ; ils ne négligent aucune occasion de parader en public Chez eux, il n’y a pas d’uniformes, pas de titres, pas de décorations, et cependant, tout le monde en porte. Qui n’est pas, qui n’a pas été là-bas quelque peu juge ou colonel ? Les confréries maçonniques, les templiers, les old fellows (mauvaises têtes), sont heureux de se montrer au grand jour, avec tous leurs insignes, d’occuper la rue, les places. Ils gênent la circulation, mais on aime ces sortes de cérémonies et on les laisse faire. L’anniversaire du 4 juillet est chaque fois un motif de plus pour recommencer ces interminables processions. Cette année, comme c’était un centenaire doublé d’une exposition internationale, chacun s’en est donné à cœur joie.

Les bouchers de Philadelphie, célèbres, même avant Washington,